Edito de la feuille d'infos
#1 de TLMD, juillet 2000
Cette feuille sort afin de faire tourner d'une façon régulière
les informations concernant la lutte des prisonnier-e-s en Espagne
dans et contre le régime de haute surveillance nommé
F.I.E.S. (littéralement, Fichier des " internes "
en suivi spécial). Sous diverses formes (grèves
des plateaux-repas, de " promenade ", de la faim), c'est
une lutte qui dure depuis le mois de décembre et qui a
touché au plus fort deux cent détenu-e-s éparpillé-e-s
dans une vingtaine de prisons. Une lutte qui commence, entre mille
difficultés (problèmes de communication et de coordination,
ainsi qu'une répression très dure), à mesurer
ses forces.
Ce sont les prisonnier-e-s eux-mêmes - décidé-e-s
à obtenir l'abolition du F.I.E.S., la libération
des détenu-e-s malades et la fin de l'éloignement
- qui se sont tourné-e-s vers les individus et groupes
solidaires à l'extérieur, afin d'être moins
isolé-e-s face à leurs geôliers. Une complicité
capable de traverser les murs (et les frontières), voilà
leur nécessité et leur désir.
Leur appel a été relayé, malgré une
faiblesse indéniable des initiatives solidaires, par divers
collectifs de toutes tendances, certains
réclamant hardiment l' " humanisation " de l'enfermement,
d'autres, plus minoritaires, désignant la répression
carcérale comme une des manifestations du mal qui ronge
l'humanité et devant être détruite avec la
société qui l'a enfantée.
Parmi les prisonnier-e-s en régime F.I.E.S., plusieurs
ont mis en garde contre toute récupération par ceux
qui veulent juste supprimer les formes d'incarcération
plus inadaptées aux développements récents
des instruments de la domination (contrôle technologique,
barreaux " invisibles ", peines alternatives, etc.).
Si ce qui nous pousse à agir sont les conditions infâmes
où croupissent nos compagnons en Espagne, nous le faisons
en complices, c'est-à-dire en sachant que dans ce monde
qui ressemble chaque jour davantage à une immense prison,
nous ne serons jamais libres.
C'est pourquoi dans cette feuille nous chercherons à relier
- dans leurs convergences réelles ainsi que dans nos rêves
- la lutte contre le F.I.E.S à celles présentes
ici ou ailleurs. La guerre contre les pauvres ne connaît
pas de frontières. Que la révolte des pauvres n'en
respecte aucune.
Nous comptons sur vous.