Gabriel Pombo da Silva

(...) Je veux seulement que vous compreniez et que vous ne vous étonniez pas face aux formes / méthodes autodestructrices et violentes qui se font jour parmi les parties / collectifs / sociétés / peuples / individus, dans leurs efforts pour atteindre leurs légitimes objectifs / buts / fins : recouvrer ce qui les met en branle, les rend dignes et
les libère (...)
Et je.ne suis pas dur dans mes jugements et mes raisonnements, c'est la vie qui est dure. Et je ne suis pas insensible ni imperméable aux actes, aux institutions, aux pouvoirs et aux individus qui attentent à nos vies, nous les Personnes, les Moins Que Rien du Monde.
Et c'est précisément parce que je ne suis pas imperméable au Bel Amour, aux Libertés, aux Désirs, aux Idées Humanistes, que comme beaucoup d'autres compagnons, j'ai parié sur des modes d'actions autodestructeurs et violents. Les grèves de la faim, les auto-mutilations usent beaucoup les gens- j'en conviens, précisément parce que ce sont des actions très dures... Mais je peux t'assurer, je vous assure, qu'il y a des occasions où il n'y a pas d'alternative à ces formes " violentes " de lutte.
Quand quelqu'un mène une grève de la faim avec d'autres compagnons (comme moi-même) et qu'ils subissent la faim, les sanctions et tant de peines tous ensemble et pour des revendications communes, c'est là qu'il comprend " la valeur et le signifiant " de ces formes extrêmes de lutte. La souffrance partagée crée des liens solides et la solidarité, en plus d'être un autre moyen de diffusion et de lutte.
Il n'y a pas longtemps , dans une entrevue qu'ils m'ont faite dans un média libertaire (la Felguera), je relevais ce paradoxe qu'il y a de nos jours plus d'informations sur les luttes (groupes, collectifs, etc...) que de luttes. Dans les années 80/90 les prisons étaient des poudrières qui explosaient en moins de deux. Il n'y avait pas un jour, une semaine, un mois ou une année sans grèves de la faim, revendications et petitions collectives, mutineries, séquestrations, etc.. Mais à l'époque, nous, les prisonniers, n'étions pas " d'actualité ", nous n'étions pas plus qu'une réalité sociale " divergente ",... Que dalle ! nous n'étions pas " à la mode ". Il a fallu traverser " 20 ans " ! (on dit qu'ils sont passés vite), de cruelles batailles, des centaines ou des milliers de morts, des témoignages, des pétitions et des livres ; de conscientisation et de communication pour qu'aujourd'hui (20 ANS APRES), et c'est une jouissance importante pour moi qu’aujourd’hui soit ENFIN reconnu tout ce qui se passe dans les prisons de l'Etat espagnol, tout se sache et soit connu à l'extérieur.
Nous autres ici, nous ne pouvons faire beaucoup plus que résister et lutter comme nous savons le faire, tout bonnement. Ce que vous devriez faire, vous , tous les groupes, collectifs, plates-formes, et autres, qui êtes d'une façon ou d'une autre dans les luttes anti-répression et anti-carcérales, c'est de vous poser une fois pour toutes (et tous ensemble) et de chercher des solutions pour les revendications : liberté des prisonniers atteints de maladies incurables, de ceux qui ont accompli les 3/4 de leur peine ou plus de 20 ans, la fin du FIES, la fin de la dispersion et le regroupement des prisonniers près de leur lieu d'origine / de résidence.
C'est très bien de le souhaiter et de crier en choeur " A bas les murs des prisons ! ". Mais comme ça n'est pas viable, le minimum que nous pouvons demander et souhaiter ce sont ces 4 revendications de base qui, en plus, ont été cueillies dans le Régime Interne Pénitentiaire, le Code Pénal, la Constitution..etc.. Ne sont-ils pas les Bibles des démocrates ?? Comment se fait-il qu'ils ne les appliquent pas ?
(...) Je vous encourage vivement à envoyer de quoi discuter et réfléchir, à continuer la lutte, à soutenir les mères des prisonniers et laissez-les expliquer elles-même ce qu'elles savent, ce qu'elles sentent et pensent et ce qu'elles veulent.

Plein de salut et Anarchie !
Je vous embrasse

C.P Nanclares de la Oca — C/Tacope s/n — 01123 Langraitz (Araba) — Espagne