Tous les jours, les journalistes nous montrent une réalité falsifiée, pour le seul intérêt des patrons et des puissants. Ils nous éduquent à l'acceptation d'un monde bâti sur la misère et l'oppression en nous le présentant comme le seul possible. Ils fomentent la haine entre les exploités et justifient toutes sortes de vexations et de violences accomplies par leurs puissants maîtres (les exemples sont sous les yeux de tout le monde). Ces pisse-copies, ces faiseurs d’opinions détruisent pour leur carrière l'existence de millions d'êtres humains à qui il n'est point permis d'avoir une voix.

Voilà, Genco c'est tout cela, et plus encore. Genco a versé plus d'encre que quiconque pour calomnier les anarchistes et notamment “Baleno”. Ce nécrophile n'a même pas eu la pudeur de rester chez lui le jour de l'enterrement de l'une de ses victimes. Ce vautour est arrivé à Brosso pour nous provoquer, se fichant de la douleur des amis, compagnons et proches ; il a obtenu pour prix de son insulte une riposte prompte, digne et collective. Genco n’a eu que ce qu'il méritait.

A vous, messieurs les juges, vous qui prétendez me condamner et qui, cela est presque certain, me condamnerez ; à vous qui tous les jours allez dîner après avoir ruiné une, deux ou dix vies sans jamais penser un seul instant être vous-mêmes du côté du tort, du côté de l’injustice ; à vous qui êtes partie intégrante de cette société infâme et qui défendez et perpétuez cette horreur sociale à travers votre rôle ; à vous qui réprimez tout élan légitime de révolte en vous assujettissant toujours au plus fort : à vous je veux dire que je ne vous reconnais aucun droit de me juger et que je continuerai à lutter —bien que le rapport de force entre nous soit inégal et que vous gagnerez probablement cette fois encore— afin que vous soyez écrasés, vous et le triste monde que vous défendez, sous le poids de vos victimes, par la main de tous les gens qui doivent subir et se soumettre jour après jour.

Extraits de la déclaration de Luca devant le tribunal d’Ivréa le 22 décembre 1999 en jugement de première instance


[Texte publié en entier dans Cette Semaine n°80, mai/juin 2000, p5]