12 septembre 2002
attentat à Gênes contre la préfecture de police

Gênes, deux engins ont explosé peu avant quatre heures du matin dans un parc public derrière la préfecture de police de Gênes. Les explosions, très violentes, à dix minutes d'intervalle l'une de l'autre, ont fait éclater les vitres des fenêtres de la préfecture côté jardin sans faire de blessés.
(extrait de la dépêche de l’ANSA — AFP italienne)

Revendication arrivée à Libero par courrier prioritaire

“ Paraphrasant la comptine chantée à Bolzaneto par les geôliers avant de nous torturer : 1, 2, 3, des flics morts nous en voudrions 33 ; 4, 5, 6, il nous en suffit même six ; 7, 8, 9, un flic mort ne m'émeut pas.

Nous avons frappé le commissariat de Gênes en première réponse contre un repaire des exécuteurs matériels de l'assassinat de Carlo Giuliani et de l'œuvre de torture et de violence systématiquement perpétrées dans les rues, les casernes et les commissariats de Gênes dans une vaine tentative de réprimer la réponse populaire contre le G8.

Nous avions laissé un premier message contre le repaire des mandataires —les responsables politico-institutionnels— qui nichent au Viminale (1) (une cocotte-minute remplie de poudre noire à l'intérieur d'un coffre de mobylette, les journaux ont pratiquement censuré le texte de revendication en omettant que l'action était aussi en solidarité avec Fabio Hailovic, tué par la police).

Vu les tabassages et les sévices subis à Bolzaneto, nous avons pris acte des hypocrisies successives, notre haine ne méritait plus d'être contenue et nous l'avons laissé exploser plus près de vous. L'écho libératoire de la dynamite s'est substitué dans les rues de Gênes aux cris des cibles inertes sur lesquels les appareils répressifs se sont défoulés —avec la lâcheté congénitale qui caractérise les serfs de l'Etat—, frustrés de ne pas avoir réussi à contenir la foule tumultueuse.

Nous rappelons leur mensonge hypocrite aux hérauts des mouvements, aux communistes de profession, aux gestionnaires de la politique de la raison et de la misère, aux peureux de toutes origines qui, entre des distinguos jésuitiques et des condamnations à la Ponce Pilate de la violence révolutionnaire, s'empressent de soutenir que tout cela aurait pu être évité par une gestion démocratique et garantiste de la dissension. Il n'y a pas de médiations possibles avec un système qui, à lui seul, pour se sauvegarder, essaie d'émousser les contradictions : le choix de répondre à la violence de l'Etat et du capital par la violence révolutionnaire n'a pas besoin du paravent idéologique qui serait la réaction à un Etat-boucher : qu'ils soient de droite ou de gauche, il faut de toute façon anéantir les régimes démocratiques. Nous identifions la violence sournoise et quotidienne de l'Etat et du capital et la combattons dans ses mille tentacules, pas uniquement en frappant les sbires de Pisanu et Scajola (2), sous-fifres qui accomplissent leur infâme métier sous les ordres de n'importe quel patron. Nous l'identifions et la combattons dans les morts violentes sur les lieux de travail ainsi que dans l'aliénation quotidienne d'un système d'exploitation de l'homme par l'homme ; dans le massacre sans fin sur les côtes où les forces de l'ordre jouent aux héros en repêchant les cadavres qu'ils ont eux-mêmes produit, dans les bombardements travestis en missions humanitaires, dans les syndicats asservis aux vieux comme aux nouveaux patrons. Rappelons aussi aux serfs de l'Etat et de l'information que l'heure et le lieu, le parc Coco étant fermé la nuit, ont été choisis pour s'assurer que des passants ne soient pas impliqués [dans l'explosion].

Nous ne faisons que commencer. Le jour comme la nuit, n'ayez pas de certitude, il y a encore tant de travail à faire... geôliers, tortionnaires et leurs patrons ne vivent pas sur une autre planète ! Que les jeunots en civil qui, avec leurs lunettes foncées de fonction, descendent de leur voiture pour boire un café entre deux services au bar Boum (mais quel nom éloquent !) à côté de la caserne Bolzaneto, sachent que quelqu'un, fatigué de leurs abus, pourrait les attendre avec une télécommande à la main...

Le bon Placanica (3), entre un avocat et l'autre, pourrait changer de travail et/ou de pays plutôt que de faire subir à maman, papa et sa fiancée, la douleur d'une visite à la morgue pour leur faire reconnaître les fragments de leur cher conjoint...

Ni justiciers ni avant-garde, même pas amateurs du beau geste, seulement un pas supplémentaire sur la route vers un monde libéré des contraintes de l'Etat et du capital, sans serfs ni patrons, la marche de rapprochement des exploités détruira un par un les avant-postes de la domination.

Attaquer et détruire les responsables de la répression et de l'exploitation !
Attaquer et détruire prisons, banques, tribunaux et casernes !
Guerre sociale contre l'Etat et le Capital !

Brigade du 20 juillet

Dynamite dans un conteneur métallique sphérique + boulons - poudre noire dans une boîte de sécurité + une petite quantité de fumigène.”

NDT
(1) Elysée italien situé à Rome.
(2) Giuseppe Pisanu, ex-DC qui a rejoint Forza Italia en 1994 et député de Sardaigne depuis 1972. Claudio Scajola, leader de Forza Italia et ex-Démocratie chrétienne. Le premier a passé le relai au second au poste de ministre de l’Intérieur le 3 juillet 2002.
(3) Mario Placanica est le carabinier qui a assassiné Carlo Giuliani à Gênes le 20 juillet 2001 sur la Plazza Alimonda.

[Traduit de l’italien. Paru dansTerra Selvaggia n°12, mars 2003]