Le procès du groupe
17 Novembre
Le groupe du 17 novembre est le groupe de guérilla le plus
connu en Grèce et celui qui fut le plus longtemps actif.
Il est apparu en 1975, juste après la chute du régime
des colonels en Grèce. L'arrestation de 19 membres présumés
du 17 novembre a mis fin à ses activités l'été
dernier (2002).
Les bases idéologiques de ce groupe révolutionnaire puisent dans les théories marxistes-léninistes, comme il apparaît clairement dans leurs déclarations (matériel de propagande). Au cours de leurs vingt-cinq années d'activité, ils ont principalement visé des cibles américaines économiques et militaires, ainsi que des diplomates, des patrons de grandes firmes et des armateurs.
Un premier membre présumé du 17 novembre fut
arrêté au cours de l'été 2002, alors
qu'il s'apprêtait à faire sauter une bombe artisanale
qui lui explosa dans les mains. Son arrestation provoqua des découvertes
de planques du groupe et des
arrestations en chaîne (jusqu'à atteindre le chiffre
de 19 membres présumés).
Une campagne sans précédent des médias institutionnels
fut alors déclenchée, visant des individu/ es et
des groupes anarchistes et d'extrême-gauche. Leur objectif
était de démythifier les présumés
terroristes emprisonnés en les présentant comme
des criminels ordinaires, et de discréditer simultanément
quiconque était susceptible d'influencer l'opinion publique
dans le sens opposé.
Parmi les personnes arrêtées, peu gardèrent
leur dignité lors de l'interrogatoire, et deux seulement
ont choisi d'assumer politiquement la responsabilité des
actions poursuivies. Une distinction devrait être faite
également pour deux autres des personnes arrêtées
: Giannis Serifis et Theologos Psarathelis. Serifis est connu
pour ses positions anti-gouvernementales, et il est actif dans
les syndicats depuis de nombreuses années (c'est la seconde
fois qu'il est poursuivi pour sa participation à une lutte
de guérilla). Il réfute toute les accusations. Psarathelis
est un trotskiste bien connu, également actif politiquement
depuis des décennies. Il reconnaît seulement avoir
participé à un expropriation afin d'auto-financer
la publication d'un de
ses livres.
Les anarchistes ont manifesté devant la prison de Korydalos
aux environs d'Athènes, où les suspects sont emprisonnés,
exprimant principalement leur solidarité avec Serifis et
Psarathelis ainsi qu'avec les deux autres suspects qui ont gardé
le silence ; et ont protesté contre les conditions inhumaines
d'emprisonnement (le régime des détenus est semblable
à celui dans les prisons de type F en Turquie). Il y a
quelques jours, Serifis a été relâché
faute de preuves, mais il encourt toujours un procès.
Au cours du dernier semestre et dans le sillage des arrestations
des membres présumés du 17 novembre, des groupes
anarchistes sont devenus la cible de la répression de l'état,
qui s'est traduite par des contrôles d'identité massifs
et des attaques orchestrées dans la presse. De toute évidence,
ces tactiques visent à nous discréditer (nous affaiblir)
à l'approche du sommet européen à Thessalonique
de juin 2003 et des jeux olympiques de 2004 à Athènes.
Le procès du 17 novembre débutera le 3 mars 2003 et selon des rumeurs, le groupe révolutionnaire assumerait alors sa responsabilité politi-que d'ensemble et diffuserait ensuite son manifeste politique.
Il faut souligner le fait que les anarchistes en Grèce n'ont pas d'opinion commune sur la question du 17 novembre. Des individus et des groupes ont exprimé différents points de vue et un certain nombre d'anarchistes ont choisi de ne pas participer aux manifestations de solidarité. C'est pourquoi nous avons seulement tenté de narrer les faits, évitant tout jugement qui pourrait s'avérer hâtif ou faux, avant le procès.
Texte publié le 6 février 2003
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