La
lutte en Espagne contre les FIES
Salut Compagnons !!
Cette fois, je vous écris depuis une cellule de châtiment
du couloir de la mort (module de régime spécial
FIES 1) du camp de concentration et d'extermination de Valence,
à nouveau un centre de torture, d'exploitation et d'extermination
de l'Etat fasciste espagnol, qui est en train, petit à
petit, d'infecter la Péninsule Ibérique avec des
instruments de ce genre.
C'est une petite cellule d'isolement, anti-mutineries (tout est
fait de béton armé et de fer, rien ne peut bouger
de sa place, le lit est une " brique " de béton
dans un coin) : elle possède DEUX portes (une grillagée,
l'autre complètement en fer) dont l'ouverture et la fermeture
sont automatisées ; et DEUX systèmes de barreaux
à la fenêtre, un parallèle à l'autre,
qui empêchent même de passer le bras, et tous sont
des barreaux de sécurité (spécial anti-fuites).
Le W.C n'a pas de couvercle, ni de murs qui l'isolent du reste
de la cellule. Il y a un système de lumière qui
n'éclaire presque rien, pour ne pas dire rien, et l'interrupteur
est hors de la cellule, sous le contrôle des matons. Il
y a un petit miroir en plastique fixé au mur, qui reflète
une image distorsionnée, déformée. La cellule
est peinte en blanc (le toit et trois quarts des murs) et en vert
kaki (sol, lit, reste des murs, portes, fenêtres et barreaux).
Les murs sont sales, et le reste de la cellule aussi. Il entre
très peu de lumière naturelle, la pénombre
est constante. En résumé, c'est une cellule très
oppressante et déprimante, où on nous garde enfermés
plus de 20 heures par jour. C'est plus ou moins ce système-là
de cellule que ces fascistes nous ont imposé avec leurs
modules FIES 1 et leurs modules d'isolement.
Ce module est très petit, totalement automatisé
(portes, grillages, etc.) et quatre cours minuscules couvertes
par des poutres de fer et un filet métallique, soit quatre
mini-cages de moins de 10 mètres de côté.
Quand on ne nous tient pas enfermés dans les cellules,
on nous tient enfermés dans les mini-cages, tout ça
est très opprimant et déprimant. Ici aussi, nos
droits sont systématiquement violés, en toute impunité,
avec l'accord des autorités judiciaires, car tout ce qui
se passe ici est dénoncé pleinement. Ici, on ne
nous donne que DEUX appels téléphoniques hebdomadaires
au cas où on ne communique pas par des parloirs, et, au
cas où on communique, on n'a que DEUX appels téléphoniques
par mois... Bien sûr, ils ne durent que cinq minutes. Il
est clair qu'ils font tout leur possible pour nous isoler de l'extérieur,
pour nous causer le plus grand déracinement familial et
social possible et par conséquent, la plus grande vulnérabilité.
Ils nous isolent aussi des autres prisonniers à l'intérieur
de la prison. Ils m'ont enfermé dans ce camp de concentration
le 1er septembre dernier, je venais du module de régime
spécial FIES 1 du camp de concentration de Villanubla (Valladolid),
et depuis le jour suivant, le 2, je suis en grève de la
faim. Et depuis le 5 en grève de promenade, c'est-à-dire
que je ne sors plus dans les mini-cages.
Ils commencèrent à me faire les contrôles
médicaux de grève de la faim à partir du
4ème jour sans manger. Lors des trois premiers contrôles,
ils me dirent qu'on ne leur avait pas encore envoyé le
médicament qui convenait. Aujourd'hui, au 10ème
jour, j'ignore encore s'ils l'ont ou pas.
Je suis en grève de faim et de promenade parce que ces
fascistes ne cessent pas de s'acharner contre moi, d'une façon
ou d'une autre ils s'acharnent toujours, ils le font depuis qu'ils
me séquestrent, me torturent, depuis qu'ils m'ont enfermé
dans leurs prisons d'anéantissement, cela fera 21 ans (à
bout de bras) le mois d'octobre prochain, les 13 dernières
années dans divers régimes de 1er degré.
La dernière qu'ils m'ont faite est d'une saloperie totale,
je vous raconte... Après que j'ai réussi à
tuer plus de 8 mois sans Rapports/ Sanctions dans le module de
régime spécial FIES 1 du camp de concentration de
Villanubla, finalement, le juge du Tribunal de Vigilance Pénitentiaire
[JAP] de Valladolid a considéré ma requête
de Plainte et par un arrêté, me fit progresser en
régime fermé (dans l'actuel Règlement Pénitentiaire
sont établis deux régimes de vie à l'intérieur
du Premier Degré, le régime spécial et le
régime fermé, bien qu'évidemment, le régime
FIES 1 cache d'autres régimes de vie qui ne figurent pas
dans le Règlement, car ils ont un châtiment supplémentaire
qu'on nous impose en toute impunité) à l'encontre
de l'avis des kapos mafieux de la prison de Villanubla, de la
DGIP [l'AP] et de la Centrale d'Observation de la DGIP, puisque
tous ceux-là s'opposaient à ma progression. Dans
son arrêt le Juge insistait aussi pour que la DGIP me transfère
à la prison de Nanclares de la Oca (Vitoria) ou à
la Rioja (Burgos), Dueso ou Léon comme Centre de destination
pour me rapprocher de ma famille, puisque je suis du Pays Basque.
Donc bien sûr, non seulement ils ne m'ont pas transféré
dans une des prisons qui figuraient dans l'ARRET (que je sollicitai),
mais en plus ils m'ont renvoyé dans un module de régime
spécial FIES 1, alors qu'il y a dans cette prison un module
de régime fermé, qui est le module n°8. Ils
se sont torchés le cul d'un autre ARRET judiciaire et également
de mes droits. Je suis en grève de la faim et de promenade
à cause de ça. J'ai déjà envoyé
plusieurs recours de Plaintes devant le JVP de Valladolid et celui
de Valence et une Plainte devant le Tribunal de Garde pour inaccomplissement
d'un ARRET judiciaire, on verra comment ça se terminera...
Sans doute cette progression n'a pas été seulement
due à ce long moment que j'ai réussi à tuer
sans Rap-ports / Sanctions ; naviguant astucieusement au milieu
d'une tempête de provocations de la part des ennemis de
l'humanité : elle est également due à mes
textes (Requêtes, Plaintes, recours, etc.) et à tous
les soutiens solidaires que j'ai eus et que j'ai coutume d'avoir,
si bien que c'est le succès de tous. Maintenant, nous devons
parvenir à ce que les kapos mafieux de ce camp respectent
et rendent effectifs mes droits.
Le 24 août, ils me notifièrent l'ARRET de la progression,
et ce même jour, ils me déplacèrent menotté
à l'intérieur de la prison pour une visite au parloir
avec un copain : même la progression ne m'épargna
pas les menottes à Villanubla.
Le même jour, la DGIP accorde mon transfert pour la maison
d'arrêt de Valence, accord qu'elle envoie par Fax au même
moment à la prison [...] et la prison me le notifie le
27, trois jours plus tard. Le 29 août, sur le coup de 8
heures et demi du matin, on m'ordonne de ramasser en vitesse mes
affaires pour aller en convoi, et sur le coup de 9 heures, ils
me tenaient déjà enfermé dans une cellulette
du fourgon ; et le voyage commença [...]. La seule nouveauté
est qu'ils m'ont mis dans un convoi normal, c'est à dire
dans un fourgon cellulaire, avec d'autres prisonniers, bien que
j'étais le seul en Premier Degré du FIES 1 ; c'est
pour ça que les flics sont venus me donner un traitement
spécial de contrôle direct ; ils me faisaient monter
dans le fourgon, puis descendre ; le premier ou le dernier, ils
m'enfermaient dans une cellulette spécifique constamment
surveillée par les flics qui se trouvaient dans la partie
arrière du véhicule ; et chaque fois qu'ils me faisaient
monter ou descendre, de nombreux flics et matons se groupaient
au pas de la porte d'entrée/ sortie, et d'autres placés
stratégiquement dans les différents lieux des enceintes
pénitentiaires. Dans les prisons par où on m'a fait
passer, on m'a enfermé aux mitards des modules d'isolement,
et dans aucun d'eux on ne m'a laissé sortir dans la cour.
On m'a détenu dans la prison de Burgos (pour la nuit, pour
sûr, la cellule était absolument dégueulasse,
pleine de moustiques qui ne m'ont pas laissé dormir de
toute la nuit), dans celle de Nanclares de la Oca (pour la nuit,
pour sûr la cellule était absolument dégueulasse
bien qu'il y avait peu de moustiques et j'ai pu dormir un peu),
dans celle de Zuera, Saragoza (pour la nuit, pour sûr la
cellule n'avait encore jamais servi, puisqu'ils viennent d'ouvrir
cette macro-prison et qu'elle est toujours en rodage), ensuite
on est passé par la prison de Daroca (des gens sont montés,
d'autres descendus), puis par celle de Teruel (des gens sont montés,
d'autres descendus) et finalement on est arrivé à
cette putain de prison d'extermination.
Les convois normaux sont très longs et pénibles,
ainsi on passe beaucoup de temps enfermé dans une cellule
de fer de 1,65 m. de hauteur et d'1 mètre de côté,
et en plus super dégueulasse et puante, où tu ne
peux pratiquement pas bouger, et ceux qui sont en 2ème
degré, ils les mettent DEUX par DEUX dans chaque cellule,
autrement dit, totalement emprisonnés. Et quand ils ne
nous tiennent pas enfermés dans ces petites cellules super
dégradantes, ils nous tiennent enfermés dans les
cellules des prisons par lesquelles on passe (qui, pour sûr,
sont en général super dégueulasses, puisque
les gens ne font qu'y passer, alors on se passe de les nettoyer),
sans sortir dans la cour de tout le transfert. Ensuite, si quelqu'un
va en Premier Degré du FIES, il devra subir de nombreuses
fouilles exhaustives et vexatoires, chaque fois qu'il entre et
sort de chaque prison par laquelle on transite, jusqu'à
la prison de destination, où se fait la dernière
fouille exhaustive et vexatoire du transfert. Sous cet aspect,
les convois spéciaux sont moins pénibles, car ils
te transfèrent dans un petit fourgon de flics : il y a
plus d'espace et une meilleure vision de l'extérieur et
ils t'emmènent directement à la prison de destination
[...] ; on ne subit que deux fouilles exhaustives et vexatoires,
celle de départ et celle d'arrivée. Aussi, ils t'emmènent
seul et normalement menotté. Mais dans les deux cas, les
transferts sont excessivement vexatoires, ils dégradent
au maximum la personnalité humaine.
En changeant un peu de thème et pour terminer cette lettre
en vous disant que je sens que je dois vous joindre de cette manière,
mais comme vous êtes une centaine de personnes autour à
m'écrire et en vrai, je ne peux pas m'adresser autrement
à vous tous, ni non plus aussi rapidement qu'il me plairait
et que vous le mériteriez. Mais bon, merci aux kompas [companeros]
de AMAITU et à d'autres kompas, petit à petit je
m'adresserai à vous, bien que ce sera de cette façon.
En tout cas, excusez-moi pour le retard et si je n'ai pu répondre
à aucune carte. Je ferai toujours tout mon possible pour
vous joindre, d'une façon ou d'une autre.Bon, rien de plus
sinon que je vous quitte avec une accolade fraternelle et libertaire
en vous souhaitant toute la chance du monde dans cette lutte pour
un monde meilleur. Pour un monde sans prisons.
Santé, Anarchie et Révolution Sociale ! !
A la prochaine,
Laude (10 septembre 2001)
P.S. : Quand mon corps s'en ressentira de trop et que je devrai
abandonner la grève de la faim (j'ai l'hépatite
C, des pierres dans la vésicule biliaire, le rein droit
affecté, des problèmes d'estomac et de circulation
sanguine, etc.) je poursuivrai ma grève de promenade jusqu'à
obtenir qu'ils me sortent du module de régime fermé
(n°8). Si je l'obtiens avant, alors tant mieux.
Extrait de la brochure #3 de Tout le monde dehors ! parue en décembre
2001