Royaume-Uni

Après la législation " antiterroriste " adoptée l'an dernier et très complète en matière de répression des différentes formes de révolte intérieure, le gouvernement britannique s'est cette fois concentré sur la répression anti-étrangers. En effet depuis le 11 septembre, les autres états ont beaucoup reproché au Royaume-Uni sa trop grande indulgence vis à vis des islamistes qui vivent sur son sol. Le projet de loi sur " l'antiterrorisme, le crime et la sécurité " pourrait être adopté avant la fin de l'année.La mesure la plus frappante et la plus controversée, est un décret présenté au Parlement à la mi-novembre, qui autorise la détention illimitée (reconductible tous les six mois), sans inculpation ni procès, de tout ressortissant étranger accusé ou soupçonné d'activités " terroristes ". Dans l'état actuel de la législation, le gouvernement ne peut ni incarcérer ces suspects, ni les extrader s'ils demandent l'asile politique ou si cela met leur vie en danger dans leur pays d'origine. Pour que cette mesure soit adoptée, le gouvernement a demandé au parlement britannique et à la cour de Strasbourg de l'autoriser à enfreindre la Convention européenne des droits de l'homme qui interdit la détention de longue durée sans instruction préalable. Une telle dérogation, temporaire mais reconductible chaque année par le parlement (cherchez l'erreur), est prévue en cas " de guerre ou de situation d'urgence ". Le ministre de l'intérieur a donc déclaré que le royaume était dans cette situation, en raison de la présence sur son sol de terroristes qui menacent " la vie de la nation ". Cette disposition s'appliquerait de façon rétroactive à une vingtaine de présumés " terroristes " " protégés par leur statut de réfugiés politiques ". Outre cette clause, le projet de loi présenté à la mi-octobre comporte plusieurs dizaines d'articles (environ 80) : durcissement de la lutte contre l'immigration clandestine et de la législation sur le droit d'asile (avec en projet la modification du système de nationalité et d'asile dans les semaines à venir) ; une nouvelle loi est également envisagée pour remanier le système d'extradition britannique en fonction du " nouveau " contexte international ; renforcement important du contrôle des communications ; et tout à l'avenant... Pour faire digérer l'ensemble, des mesures annoncées avec fracas contre les flux financiers liés au terrorisme, une nouvelle législation sur le blanchiment d'argent, et l'extension de la loi réprimant l'"incitation à la haine religieuse et raciale " (dont on trouve une version dans le projet de loi " antiterroriste " canadien) sont promises. Il fut question de l'éventuelle création d'une carte équivalent à la carte d'identité française, mais la mesure n'a pas été retenue comme urgente. Cette éventualité a également été évoquée aux Etats-Unis et au Canada.