La lutte contre le FIES

Le monde carcéral espagnol, comme bien d'autres, possède ses prisons spéciales : les FIES (Fichier Interne de Suivi Spécial).Cela pourrait être vu comme une prison dans la prison. En effet, le principe des FIES met en place un système d'isolement, où la torture blanche (perte des sens, torture psychologique…) s'ajoute aux habituels tabassages et autres sévices corporels. L'administration pénitentiaire par une étude scientifique et psychiatrique analyse le comportement combatif ou docile des détenu-e-s. Celle-ci y applique un isolement différencié où les prisonnier-e-s sont placés sur cinq niveaux. Ces centres d'extermination ont été créés dans l'unique but d'anéantir et de mater les individus qui refusent la soumission.En 1979, l'état remplit la prison Herrera de la Mancha pour en finir avec les nombreuses mutineries et émeutes dans les prisons. C'est un centre d'isolement où sont parqués les meneurs désignés. Suite à des révoltes quotidiennes, en 1991 l'état étend son système à l'ensemble du territoire, en le renforçant du fichier FIES. Malgré la volonté renforcée des différents centres de pouvoir étatiques, des révoltes collectives sont nées dans ces centres FIES en 1999. En effet, face à ces programmes de terreur, des grèves de la faim, de promenade, de plateau repas se sont multipliées au niveau national, pour réclamer la suppression du régime FIES, la fin de la dispersion et la libération des prisonniers malades. Ces diverses actions sont relayées à l'extérieur des murs, en manifestant dans les rues, en sabotant, en envoyant des colis piégés à l'encontre des structures et des personnes qui font allégeance à ce système. La répression étatique face à cette résistance est aveugle et ciblée à la fois. Aveugle parce que l'état ne cherche pas le, la ou les coupables, il s'en fout. Ciblée parce qu'il suffit d'écrire et de rendre visite aux prisonniers ou d'être actif dans les luttes de solidarité, pour tomber sous son joug répressif. L'exemple de Fanny et Eduardo * est flagrant, il et elle sont arrêté-e-s le 8 novembre 2000 et accusé-e-s d'avoir envoyé-e-s des colis piégés à des journalistes. José Manuel qui est accusé des mêmes faits a eu la possibilité d'esquiver les flics. Coupables ou non, cela n'est pas notre problème ; puisque ces catégories juridiques ne sont pas les nôtres.Suite à la répression, les désaccords latents dans les assemblées de soutien deviennent des conflits. Les dissociations dans la lutte contre les FIES émergent de-ci de-là, entres personnes qui écrivent ou disent publiquement refuser toute action violente et les autres qui se taisent. Dans ces conditions, garder le silence pour la police c'est être coupable. Et cela fabrique peut-être de futures " victimes " de la répression. C'est pourquoi, dans ces cas là, être solidaire avec la lutte les prisonnier-e-s, que l'on s'associe ou non aux actions violentes, c'est poursuivre la lutte comme on l'entend sans se tromper de cible.Malgré tout cela, la lutte continue. A l'intérieur des murs, plusieurs types de luttes continuent à exister : des grèves de la faim individuelles, une autre collective d'un jour tous les mois et des refus de promenades ou de plateaux. A l'extérieur le " mouvement " tire un bilan pour rebondir. A Barcelone, l'assemblée de soutien, APPEL, s'est auto-dissoute, l'ACOP'S a pris sa suite et des individu-e-s poursuivent leurs actions de solidarité.

* Fanny a été " rapidement " relâchée ; Eduardo a été libéré sous caution (5 millions de pesetas) le 23 octobre 2001.