Espagne
Cet état, à la pointe de la répression "
antiterroriste " au Pays Basque et de ses techniques de guerre
les moins avouables (GAL, tortures systématiques, etc)
- et qui, en outre, s'intéresse désormais de très
près aux groupes anarchistes et radicaux (voir 25 ans de
répression " antiterroriste " européenne,
et l'article sur l'Espagne) - a vu dans le contexte international
récent une véritable aubaine pour écraser
davantage tout ce qui est basque et indépendantiste : partis,
groupes politiques ou organisations solidaires des nationalistes
emprisonnés, ou demandant simplement l'exercice du droit
à l'autodétermination du peuple basque. Ainsi, l'état
espagnol affiche sa volonté d'inclure les organisations
basques légales et toute la gauche Abertzale (nationaliste
basque) dans la " liste internationale d'organisations terroristes
et de groupes qui les soutiennent ", que l'Union européenne
dresse selon un mandat de l'ONU qui a suivi le 11 septembre. Cette
incrimination des groupes basques se ferait, non pas sur la base
de délits concrets, mais parce que les buts de ces organisations
coïncideraient objectivement, selon le pouvoir espagnol,
avec ceux d'ETA. Par un phénomène de capillarité
" antiterroriste " bien connue en Espagne, leurs membres
se transforment donc en collaborateurs/trices ou bien carrément
en recrues d'ETA.A titre d'exemple, 13 membres des Gestoras Pro
Amnistia (organisation de défense des droits des prisonniers
politiques basques) ont été interpellés le
31 octobre pour " appartenance ou collaboration à
bande armée ". Rappelons qu'une des clauses de la
législation " antiterroriste " espagnole prévoit
la possibilité pour la police de mettre au secret une personne
pour une durée de cinq jours (période dite d'incommunication),
sans assistance juridique et sans aucun contact extérieur
; les treize personnes interpellées ont bien sûr
été soumises à cette clause, et onze sont
à présent incarcérées. La mise au
secret fait actuellement de nombreux émules, aux Etats-Unis
(cf. infra) et ailleurs. Les grands démocrates de ce monde
décomplexent...Par ailleurs, la collaboration policière
et judiciaire des responsables français avec leurs homologues
espagnols ne faiblit pas. En juillet 2001, lors d'un sommet franco-espagnol
à Toulouse, deux nouvelles mesures ont été
adoptées par les ministres de la justice partenaires, coutumiers
de tels accords bilatéraux : les forces de sécurité
espagnoles participeront avec leurs collègues français
aux interrogatoires des personnes arrêtées en France,
et ce dès les premières heures de l'arrestation.
la " remise temporaire " à l'Etat espagnol des
personnes arrêtées en France et accusées ou
poursuivies en Espagne, qui pourront être interrogées
ou jugées en Espagne, voire incarcérées,
avant d'être renvoyées en France.La concorde des
deux états en matière de répression s'est
encore illustrée récemment : en septembre - octobre
2001, une notification administrative du préfet des Pyrénées-Atlantiques
à 17 réfugié-e-s basques espagnol-e-s installé-e-s
légalement en Pays basque Nord depuis de nombreuses années
(30 ans pour certain-e-s), les invite à quitter "
volontairement " le territoire français " dans
un délai d'un mois " (expiré depuis). Les 17
sont désormais clandestin-e-s. le 4 décembre, la
police française a arrêté Juan Maria Olano,
porte-parole de Gestoras Pro Amnistias, qui avait échappé
à la rafle du 31 octobre contre des responsables de ce
mouvement et passé la frontière française.
Fin novembre et alors sous le coup d'un mandat d'arrêt,
il s'était montré à Bayonne dans une manifestation
contre la répression anti-basque et en solidarité
avec les 17 Basques espagnol-e-s rendu-e-s clandestin-e-s par
l'état français (voir plus haut). Dans quelques
jours sans doute, les flics français le livreront à
leurs collègues tortionnaires.L'état espagnol est
depuis longtemps un des plus fervents adeptes du mandat d'arrêt
européen dans les affaires de " terrorisme ",
défendant la suppression des " formalités juridiques
" dans les processus d'extradition.