Quelques infos sur la répression
et la lutte des prisonniers en Espagne
En juillet, le syndicat pénitentiaire Catac a reçu
une lettre piégée, qui n'a pas explosé. Evidemment,
le quotidien franquiste Vanguardia et les autorités connaissent
les coupables : la Croix Noire Anarchiste, qui aide les détenus
en lutte. 14 personnes (pour la plupart de Barcelone), squatters,
anarchistes et autonomes ont été arrêtés
et inculpés pour " terrorisme ", en août
2001. En août, le gouvernement aurait en effet " découvert
" que " de nombreux squatters aideraient les terroristes
basques d'ETA ". La plupart ont été relâchés
à cause du ridicule de leur charge, 2 sont toujours en
prison et 2 se sont volatilisés. Tous les grands squats
de Madrid ont été expulsés et beaucoup à
Barcelone, au cours des derniers mois.
Toutes les manifestations dites subversives sont méchamment
réprimées. Les flics prennent l'initiative d'attaquer,
des gens se font tabasser régulièrement. A Barcelone,
pendant la semaine des mobilisations anti-Banque mondiale (le
sommet fut annulé), un manifestant a perdu un il
après avoir été touché au visage par
une balle caoutchouc lors de l'expulsion de la Kasa de la Montanya,
le plus vieux squat de la ville.
7 septembre : au quartier FIES de la prison de Topas (Salamanca),
les matons torturent Manuel Monz Docampo. Les 3 autres compagnons
en isolement cognent sur leur porte, puis détruisent leur
cellule. L'administration les a laissés là jusqu'au
14 septembre, jour où l'un d'eux, Jaro, est tabassé
dans la cour par plus de 10 matons - 2 doigts cassés et
3 points de suture. Ils l'emmènent à l'infirmerie
avant de le tabasser à nouveau : il perd connaissance.
Enfin, ils l'ont transféré à Soto del Real
(Madrid), où ils le tiennent au secret, sans lui avoir
rendu ses affaires.
Les 10 et 11 septembre ont été jugés en appel
à Cordoue, Claudio, Giovanni, Giorgio et Michel pour falsification
de papiers d'identité, détention illicite d'armes,
coups et blessures par rapport à l'attaque de la banque
Santander de Cordoue en 1996. Plusieurs personnes ont essayé
de déployer, à l'entrée des juges, une banderole
de solidarité. La police les en a empêchées,
les a retenues durant une demi-heure et les a menacées
de les enfermer si elles ne quittaient pas la ville.Les condamnations
de ce procès en appel : Claudio : 16 ans ; Giorgio et Giovanni
: 13 ans ; Michel : 1 an et demi plus 20 week ends.
22 septembre : cela fait 11 ans que Yuma (Farid Halifa Belaid)
est en prison, 11 ans passés en quartier d'isolement, et
sans voir une seule fois les siens. Sa famille habite au Maroc
et elle n'a pas les moyens de lui rendre visite. Ainsi, c'est
afin d'être transféré à la prison de
Melilla (enclave espagnole au Maroc) que Yuma entame aujourd'hui
une grève de la faim illimitée, après de
nombreuses requêtes rejetées par la DGIP (l'administration
pénitentiaire), malgré l'avis favorable du JVP (tribunal
de vigilance pénitentiaire).
Roberto B. Catrino a été déplacé en
module d'isolement, à la prison de Picassent III (Valencia),
pour purger sa peine. Il a commencé une grève de
promenade pour obtenir son transfert en Catalogne.
Xan Carlos Dopiko a été transféré
de Dueñas à Villabona, alors qu'il devait poursuivre
sa peine à Topas (Salamanque). Xan est plein d'entrain,
bien qu'on lui ait notifié le contrôle de son courrier
pour s'être mis en relation avec des groupes à l'extérieur.
4 autres compagnons ont été transférés,
dans une tentative de briser leur lutte... Depuis le 1er septembre,
Amadeu Casellas (prison de Ponent, à Lleida) est en grève
de la faim indéfinie pour soutenir les trois revendications
collectives. Après une semaine, il avait déjà
perdu 7 kilos ; il avait la tension très basse et la résistance
et le moral très hauts. Son courrier reste contrôlé
et ils ne lui permettent de recevoir aucun appui économique
de l'extérieur ; en plus, ils l'ont longuement interrogé
à propos de quelques groupes de solidarité et de
ses multiples contacts internationaux.
Une bibliothèque va se créer à Madrid, qui
sera utile aux compagnons emprisonnés dans le quartier
de Campamento, afin non seulement de leur prêter des livres,
des revues et des fanzines, mais aussi de diffuser du matériel
théorique, littéraire, etc., pour qu'à travers
l'analyse et la critique, la lutte se radicalise. De plus, les
copains voudraient être en mesure d'éditer les communiqués
et les textes des compagnons emprisonnés. Son adresse est
: Biblioteca del CCP - Apdo. 150057 - 28080 Madrid - Espagne.
Malgré l'isolement et le contrôle permanent, la lutte
continue à Soto del Real (Madrid) : Ramon San Antonio
Meda est en isolement total depuis plus d'1 mois. Ils lui ont
interdit le tabac, la télé et la radio dans l'intention
claire de le mettre sur les nerfs ; les matons disent que c'est
pour avoir essayé de mettre le feu et d'autres salades.
Le 11 août, ils ont soumis par la force Berbel Torres au
" programme de prévention des suicides " ; du
coup, il s'est énervé et a dit à la chef
de service " je suis tranquille et même si je voulais
quitter cette vie, je le ferai sans prévenir aucun d'entre
vous !°". Le " programme contre les suicides "
a consisté, sous les ordres du médecin, à
lui menotter les mains et les pieds, la gueule en bas, pour que
des matons viennent le torturer avec des matraques.
A Soto, 12 personnes font le jeûne le premier week-end de
chaque mois. La lutte continue.
6 compagnons en lutte à la prison de Villanubla (Valladolid)
: ils jeûnent le 1er samedi du mois.
Le 3 octobre, 3 anarchistes sont incarcérés, puis
libérés le 10 octobre sous caution (100 000 pesetas
chacun). Ils sont accusés d'avoir placé plusieurs
bombes à Madrid en juin et juillet 2001. Pour la première
fois, les médias officiels espagnols parlent d'un manque
de preuve flagrant (peut-être la crainte de recevoir un
" colis "). Le seul reproche que la justice espagnole
peut leur faire c'est d'être anarchistes et d'être
en contact avec des prisonniers (FIES). Ils sont accusés
d'avoir placé une bombe dans un établissement FIAT
quelques jours après la mort de Carlo Giuliani à
Gênes, d'avoir placé d'autres engins incendiaires
le jour précédant la visite de Bush en Espagne,
et un autre en solidarité avec les mineurs d'Asturies emprisonnés.
4 compagnons à Puerto de Santa Maria sont toujours enfermés
depuis 14 mois et jeûnent tous les mois, mais ils ne peuvent
s'organiser, car ils sont dispersés dans différentes
ailes de la prison.
Dans le camp d'extermination de Picassent III (Valencia) Modules
FIES et 9 bis, 7 compagnons sont en grève de promenade
depuis le 9 août pour les revendications suivantes : une
bonne assistance sanitaire, un supplément alimentaire pour
les malades du SIDA, les activités programmées,
pour que cessent la retenue et la disparition du courrier, pour
obtenir les 5 appels téléphoniques hebdomadaires
prévus par le règlement.
Depuis Puerto I (Cadiz), où 4 compagnons entamaient le
30 septembre une grève de la faim de 20 jours : Après
sa grève de la faim, Emilio Herraiz Segura (en isolement)
a été transféré, probablement à
Picassent (Valencia).
Rùben Gonzalez Carrio a dû abandonner ses grèves
de la faim et de promenade après que la moitié de
son visage a été atteint de paralysie. Il faut rappeler
qu'il est malade du SIDA depuis plus de 10 ans.
José Ferreira Quintas continue la grève de promenade
et les jeûnes mensuels, mais son moral est assez bas.
Oscar Diaz Manso (en isolement) poursuit la grève de promenade
et les jeûnes mensuels et veut organiser de nouvelles mobilisations
pour cette année. Il veut également être transféré
à Madrid, à proximité de sa famille. Le 20
octobre, 150 personnes ont manifesté autour de la tôle
de Ponent (Lleida), sans incidents... Amadeu Casellas, qui a arrêté
sa grève de la faim, propose dans un communiqué
de faire une campagne de pétition - à envoyer à
Strasbourg - appuyée dans les tôles par une grève
de la faim d'un mois qui tournerait dans chaque prison.
Le 9 novembre, le COLAPSO (COLlectif Anarchiste des Prisonniers
Sociaux Organisés), monté par 8 détenus de
la prison d'Aranjuez, publie un communiqué exigeant, en
plus des 3 revendications principales : la fin des montages policiers
et de la criminalisation médiatique, la dérogation
de la loi antiterroriste et la libération de tous les prisonniers
qui ont purgé plus de 20 années ou des 3/4 de leur
peine. Le 11 novembre, 150 personnes ont participé à
une marche contre la macro-prison de Zuera (loin de toute ville,
elle a remplacé les prisons de Huesca et de Saragoza),
sans incidents...
Le 18 novembre, au centre d'anéantissement de Teixeiro
(La Coruña), Carlos Rios Gonzalez et José Vilaso
Pardavila se sont fait tabasser et on ignore dans quel état
ils sont. L'un est en zone de transit et l'autre remis en isolement.
Les autres compagnons en isolement se sont mis en grèves
de faim et de promenade.
Le 20 novembre, au cours de la manifestation autour de Soto del
Real (Madrid), une brique est jetée sur les forces de l'ordre
: 6 personnes sont arrêtées, 4 relâchées
assez vite ; restent un Italien et un gars de Valladolid. Ce dernier
est inculpé d' " attentat contre l'autorité
" et " tentative d'homicide " ; il a été
torturé, puis remis en liberté en attendant son
procès. Début décembre, après avoir
refusé lors de l'appel de se mettre en formation militaire,
deux compagnes de la prison d'Alicante ont été sanctionnées
pour "fautes graves", sans doute envoyées au
cachot.