Introduction à Huye hombre Huye
(brochure de TLMD #2, avril 2001)

J'ai connu Xosé Tarrio au début de 97 dans la prison spéciale de Topas , Salamanca. J'étais là pour une confrontation avec une série de témoin suite à quatre braquages commis dans cette ville des années auparavant.

J'avais entendu parler de Xosé par plusieurs copains et tous étaient unanimes sur ses convictions anarchistes et sur sa volonté de lutter contre le système carcéral.

On m'avait parlé de lui quelques jours après mon arrivée dans la prison de haute sécurité, où je me trouve actuellement : Jaen module FIES.

Quand je suis arrivé à Topas un lundi vers midi, deux compagnons que je ne connaissais pas frappèrent à la porte de ma cellule, la dernière du couloir.

Nous avons communiqué à travers l'ouverture qui sert au passage des plateaux. Dans une position assez inconfortable nous avons discuté : ils m'ont demandé qui j'étais, si j'avais faim, si j'avais des vêtements chaud pour supporter le froid excessif de la région.

Un des deux était Santiago Izqiuerdo Trancho, un des protagoniste de ce livre.

Quelques minutes après est apparu Xosé nous nous sommes regardés dans les yeux : je ne l'avais jamais vu auparavant mais je savais que c'était lui.

Je lui ai dit " t'es un anarchiste ton regard ne laisse pas de doute ".

C'était lui, vraiment lui.

Nous avons discuté longuement, de nos idéaux, du livre qu'il était en train d'écrire, de l'importance de communiquer au monde libre les horreurs du système carcéral, créé spécifiquement pour les rebelles qui ne veulent pas s'adapter à l'humiliation de l'existence dans la société ; rebelles poussés par des convictions "politiques" ou étant réfractaires ont décidé de garder leur propre dignité contre un système qui les oblige à l'esclavage et à l'humiliation par le travail.

Dans ce livre le lecteur trouvera une vraie expérience de vie qui appartient au présent. Comme moi même, il trouvera la force et le courage de continuer dans sa lutte, il comprendra l'importance de la prison comme terrain de lutte et pourra aussi connaître la qualité des individus qui ne se soumettront jamais.

La prison est telle qu'elle est, celle de toujours, là ou se commettent le plus grandes injustices, les tortures physiques et psychologiques les plus raffinées que l'homme ait pu imaginer. La prison c'est le châtiment de ceux qui n'acceptent pas les règles du jeu des riches et des puissants.

Dans cette "dictature démocratique" où la peine de mort est abolie mais est remplacée par une mort lente. Avec l'isolement et l'inévitable angoisse qu'il produit, ils veulent nous dépouiller de notre personnalité pour faire de nous des êtres sans identité.

En Xosé j'ai trouvé quelques chose qui m'appartient et appartient aussi à tous ceux qui ont déjà trouvé une réponse aux questions suivantes : “ Pouvons-nous vivre tranquille sans lutter pour la liberté ? " ; "Liberté et oppression peuvent-elles cohabiter ?".

Questions valable soit pour ceux qui sont libres, soit pour ceux qui en liberté sont prisonniers d'eux mêmes.

La prison fait peur parce qu'elle n'est pas suffisamment connue ; l'inconnu est difficile à combattre

Quand on ferme la porte derrière toi, tout le poids de la solitude te tombe dessus ; eux le savent bien et c'est pour cela qu'ils nous laissent seul pendant des mois dans des cellules froides et humides.

J'aurai aimé que ces mots soient écoutés par Baleno et Soledad, qu'ils auraient compris à temps que lorsque l'on t'enferme en isolement, il ne faut pas penser au présent, que cette situation ne durera pas toujours.

Mais au contraire dans la solitude on peut trouver la force pour survivre.

Xosé avec son expérience nous montre l'aspect le plus important : ne jamais perdre l'espoir.

Nous détenus, dans nos conditions nous n'avons rien à perdre alors que ceux qui nous torturent peuvent tout perdre et jusqu'à leur vie.

Par ses mots nous comprendrons que la sortie de l'isolement auquel on est soumis c'est à vous, personnes libres, de le déterminer avec votre solidarité, vos lettres, votre souvenir et votre amour.

Claudio Lavazza
JAEN été 1999.