Evasion
et Révolte
J e vous fais un petit compte rendu à propos des derniers événements...
Le dimanche 28 novembre [1999], aux environs de midi, moi et deux autres compagnons
(Daniel Ramirez et Manuel Gomez, c'est-à-dire Manolo et Dani) avons essayé
de nous évader en sautant par-dessus les murs. Nous avons réussi
à escalader le premier mur avec une série de cordes que nous avons
nous-mêmes construites et un agrès de gymnastique que nous avons
arraché du sol. Nous avons ainsi pu accéder au toit et nous y sommes
restés plus de trois heures. Au départ - juste pour vous dire -,
Dani avec toute sa rage et son impuissance a lancé des pierres contre les
flics qui, armes à la main, ont pris la fuite comme s'ils avaient le diable
au corps... pour se réfugier dans une guérite. Ils y sont restés
jusqu'au moment où nous avons disparu par les toits (quel courage, messieurs
les héros de la Sainte Patrie...). Les autres prisonniers - plus de sept
cent hommes et femmes réunis -, en nous voyant sur les toits, nous applaudissaient
et criaient un tas de slogans et de revendications.
Des draps qui brûlent aux fenêtres, des cris de liberté et
d'anarchie, bref, une petite révolution ! Nous étions plongés
dans ce climat lorsque, trois heures après la prise du toit, ils nous informent
que " s'il vous plaît, monsieur le directeur voudrait parler avec vous
". A plusieurs reprises, nous avions déjà refusé de
négocier quoi que ce soit. Cette fois-ci, nous avons pourtant accepté
d'écouter ce qu'ils avaient à dire. Alors que nous discutions avec
le directeur (nous sur les toits et lui en bas), toute la clique des matons donne
l'assaut en sortant d'une trappe du toit, armés jusqu'aux dents : boucliers,
casques, gilets anti-poignards, barres de fer, sprays, etc. Vous pouvez imaginer,
camarades, ce qu'ils sont lâches... Nous commençons à leur
jeter des pierres (elles se trouvent par milliers sur les toits) et, malgré
tout leur équipement anti-émeutes, nous les faisons reculer. Ils
sont donc restés avec leur envie de nous tabasser... vous savez déjà,
camarades, que ces gens-là ne sont capables de nous torturer que si nous
sommes bien menottés pieds et mains au lit. A la fin, quand nous avons
décidé de descendre, nous l'avons fait avec nos propres jambes...
Maintenant, comme d'habitude, il y aura des tortures, des provocations (leurs
fameuses mesures de sécurité !) et tout le reste.
Tout cela n'est qu'une conséquence supplémentaire de la répression
et de l'abus dans le fameux camp d'extermination nazi de Jaen II.
Santiago Cobos Fernandez
[Extrait de la brochure #1 de Tout le monde dehors !, juin 2000, p.15]