Communiqué

En octobre dernier a commencé à circuler une proposition de lutte qui voulait embrasser les diverses positions. Après 5 mois, le bilan est loin d’être positif.

Dans de nombreux quartiers d’isolement, nous faisons une grève de la promenade et les compagnons classés deuxième degré et ceux de l’isolement (premier degré) ont adhéré à la grève de la faim de 4 jours, en pensant être soutenus par l’ensemble du mouvement pro-détenus. Jusqu’à maintenant, les initiatives du mouvement ont brillé par leur absence... (nous n’exagérons pas). Les seuls à nous avoir apporté quelque chose de concret, ce sont les anarchistes. Nous parlons de l’anarchisme informel, des rebelles. Ils sont peu nombreux, avec peu de moyens, mais ils participent réellement à la lutte. Dans toute l’Euskal Herria, ils ont collé des affiches, bombé les murs... A Madrid, à peu près la même chose. Dans tout l’Etat espagnol, mis à part chez les compagnons de Salaketa Bizkaia* et chez quelques autres, tout est très confus : beaucoup de mots, de réunions, de doutes et rien de clair.

On nous a proposé de faire la grève de la faim pendant la semaine sainte. Ils n’ont pas tenu compte de la répression qui a fait suite, dans les quartiers d’isolement, à notre tentative de nous organiser, et des difficultés que nous avons à rester unis. Nous comprenons les problèmes que rencontrent les collectifs et les groupes, dans la rue, pour coordonner les énergies disponibles ; mais nous avons l’impression que les discussions stériles et les actions folkloriques sont une perte de temps. Suite à cela, nous avons décidé de faire la grève de la faim du 16 au 19 mars. Nous ne pouvons plus attendre : trop de détenus ont perdu confiance, et quelques uns sont déjà en grève de la faim.

Nous avons demandé aux copains d’autres pays d’appuyer notre grève en faisant des rassemblements devant les ambassades espagnoles. Nous n’attendons pas des manifestations massives, nous comptons seulement sur quelques camarades rebelles et anarchistes. En toute franchise, nous ne savons pas s’ils pourront s’organiser ensemble et espérons le savoir avant le 16 mars. Nous espérons plus, mais nous devons partir de l’idée que nous sommes seuls (nous ne le sommes pas, mais cette pensée nous évitera d’être déçus). A l’ensemble des mouvements, nous demandons d’appuyer ces 4 jours de grève avec les actions qu’ils jugeront opportunes, tracts, occupations, rassemblements, bombages... Nous envoyons des copies au plus grand nombre possible de compagnons détenus pour que ceux qui veulent participer à la grève de la faim signent cet appel, après avoir bien réfléchi. Nous ne jouons pas, car depuis le début de la lutte, de nombreux compagnons ont été torturés, et beaucoup d’entre nous font la grève de la promenade depuis des mois. A ceux et celles qui signent, rendez-vous le 16 mars, indépendamment des transferts qui pourraient avoir lieu. A cette date nous sommes une centaine à avoir adhéré et il nous reste un mois pour essayer d’être plus nombreux. Les revendications de base sont : fin des transferts, libération des malades et abolition du F.I.E.S.

A tous les camarades en grève de la faim ou de la promenade, nous demandons de discuter des suites à donner au mouvement, une fois la grève de quatre jours terminée, en se rappelant que les grèves ne sont pas à durée indéterminée et que nous devons chercher des moyens de pression plus efficaces ; et même si en isolement on a l’impression d’être seul, de nombreux compagnons, à la promenade, manifesteront leur solidarité.

Ce communiqué est celui de ceux qui le signeront et qui donneront leur énergie pour lutter contre tout ce qui nous fait souffrir.

JUSQU’A LA LIBERTE

Février 2000

* Collectif basque contre les prisons

Notes des traducteurs : le F.I.E.S. est divisé en 5 degrés ; le premier degré est le plus dur, il est aussi appelé isolement.Au début du texte, il est question d’un mouvement qui embrasserait les diverses positions : il existe une partie réformiste dans le mouvement de lutte contre les F.I.E.S.. Par exemple, les Mères contre la drogue - qui luttent contre les abus et les mauvais traitements en prison - participent activement.


[Extrait de la brochure #1 de Tout le monde dehors !, juin 2000, p.13]