Un air de Gestapo

L’onde massive de perquisitions et d’incarcérations contre les anarchistes ne semble pas avoir de fin : Lecce, Cagliari, Pescara, Rome, Viterbo, Bologne. L’instrument législatif est le trop fameux article 270bis : association subversive à finalité de terrorisme, avec lequel ont peut arrêter tout un chacun sans nécessairement lui attribuer de délit spécifique. Lors de ces campagnes inquisitoriales, les “ preuves du crime ” sont en effet toujours des contacts, des amitiés, des relations, des coups de téléphone, une solidarité exprimée. Les journaux de lutte deviennent des “ bulletins internes dans lesquels des ordres sont transmis et des attentats planifiés ” ; les caisses de solidarité avec les prisonniers et les exploités se transforment en des “ caisses qui financent l’organisation ”.

Depuis des décennies, les procureurs Vigna, Marini et Ionta, pour ne citer que les plus acharnés, tentent gauchement de confectionner des théorèmes judiciaires avec lesquels enfouir en prison les anarchistes. Depuis toujours, les ROS et la DIGOS mènent leurs sales manœuvres pour liquider tout dissensus et pour imposer le climat de terreur sociale nécessaire à leurs patrons afin qu’ils puissent poursuivre indisturbablement des crimes d’une toute autre portée. Depuis la fin des vingt années de fascisme, la police politique connaît son métier : pressions, chantages, écoutes manipulées, faux témoignages… Maintenant la voie est libre et elle a plutôt la main lourde. Pisanu [ministre de l’Intérieur] sollicite les juges, les décourageant de libérer les inculpés après tant de dur labeur des inquisiteurs. Son caniche, le sous-secrétaire d’Etat Montovano, parle encore plus clairement : “ Les anarchistes sont au moins 200 en Italie, et l’action déterminée des forces de l’ordre les vaincra ”. Plus clair que cela ! Il n’a même pas besoin de préciser pourquoi, il lui suffit de dire qu’il existe encore des anarchistes. Car l’histoire nous a donné cette leçon : si on réussit à démoniser toute une catégorie de la population, il suffira simplement d’en évoquer le nom pour diffuser la peur et justifier les mesures prises.

Comme d’habitude, la presse fait le reste : à la confusion grotesque des accusations, elle substitue les certitudes répétitives de ses titres. Dans un tissu intriqué de faussetés, elle lâche immédiatement ses condamnations, des condamnations sans appel.

Mais la grande rafle n’en est qu’à ses débuts nous avertissent-ils ; ou, mieux encore, la rafle ne finit jamais pour nous. D’autre part, tous ceux qui n’ont pas les paupières collées aux joues peuvent se rendre compte de ce qui se passe autour de nous : massacres de masse pour se garantir le contrôle du pétrole, incitation continue à la haine ethnique ou à la guerre de religion, assujettissement total de la vie aux marchandises et au profit, liquidation des droits, précarisation et nouvel esclavage au travail, concentration et déportation des immigrés, tortures et tabassages quotidiens et démocratiques, élimination physique au cours de “ contrôles normaux ”.

Tout cela, alors que la technologie nous promet un futur génétiquement manipulé et la chimie une planète toujours plus infestée de poisons.

Citoyens, la sécurité qu’ils vous promettent n’est rien d’autre que la défense militaire de la catastrophe qu’ils ont fabriquée. A vous de décider si vous voulez continuer à respirer cet air brun ou si vous choisissez l’oxygène de la dignité et de la révolte.

Assez de montages policiers !
Solidarité avec les incarcérés !
Liberté pour tous !
Assez des expulsions
Assez d’exploitation
Avec tous les immigrés, pour un monde sans prisons et sans frontières !

Des anarchistes de Rovereto

[traduit de l’italien, affiche du 1er juin 2005]