L'affaire Marini…suite…


Nous relatons ici le déroulement du procès Marini en appel. Depuis 96, après un coup de filet dans les milieux anarchistes italiens qui occasionna une centaine d'inculpation pour " association subversive ", le juge romain Marini s'acharne à faire condamner des compagnons. Son honneur en jeu, le juge s'emploie à convaincre la cour à grand renfort d'amalgames et de mensonges. Vous trouverez de nombreux articles là dessus en consultant des bulletins plus vieux. Résumé des derniers événements.

Mardi 12 novembre s'est tenue la seconde audience, en appel, du procès Marini. Au début, Marini s'est de nouveau étendu sur la nécessité d'entendre Giovanni Barcia, qui pourrait selon lui faire des " révélations intéressantes ". Un des avocats a fait remarqué que Giovanni n'était pas disposé à faire la moindre déclaration et que son seul souhait était de retourner en Espagne le plus vite possible. Puis Marini, encore lui, a lourdement insisté sur son besoin d'entendre en temps que témoin le médecin de la prison de Valette, à qui avait été envoyé en 98 un colis piégé. L'envoi a été attribué dans l'enquête contre la fantomatique ORAI, que l'on aurait pu croire 6 ans après disparue du vocabulaire des juges italiens. Rien n'y fait. Pour le bras judiciaire, replié derrière les murs des tribunaux, les plaisanteries les plus longues sont les meilleures. Mais le président du tribunal a rejeté cette possibilité d'audience, estimant que le procès en appel avait été motivé par d'autres raisons.

Après ces premiers échanges de politesses entre messieurs qui se connaissent et se comprennent, Marini s'est envolé dans un réquisitoire de 4 heures, en s'appuyant comme il l'avait fait auparavant sur des " preuves de granit " : les révélations de Namsetchi, la repentie tout droit sortie des constructions du ROS, ou encore la division de l'organisation en deux niveaux, l'un semi-légal par l'intermédiaire des maisons occupées, qui font la promotion des idées subversives et récoltent du blé, et le niveau clandestin et actif. Bref, un schéma émanant tout droit des cerveaux malades de ceux qui s'évertuent à voir des terroristes là où il n'y en a pas. Et pour faire peser davantage le spectre de la menace insurrectionnelle, Marini n'a épargné à personne ses remarques sur la similitude entre " son " procès, et ceux contre les membres des groupes armés issus des années de plomb.

On peut noter que le sinistre juge s'était lors de l'audience du 5 novembre étendu sur Giovanno Barcia, bien que ce dernier n'apparaît nulle part dans l'enquête du procès en appel. Toujours dans ce même souci de flanquer la frousse au jury, Marini a ainsi pu revenir sur le braquage de Cordoba et saupoudrer son discours de la mort des deux policières. De quoi faire passer l'ensemble des inculpé-e-s, au moins sur la base de leur fréquentations, de leur amitié ou de leur simple sympathie, pour des monstres dont la férocité se mesure à hauteur de ce double meurtre, pourtant difficilement évitable quand on se défend d'une mitraillage policier (au risque d'y laisser sa vie), où de la perspective de finir ses jours en taule (donc au risque d'y laisser… la vie.). Restons sur ces quelques mots des compagnons qui, après s'être rendus pour soutenir les prévenu-e-s, se sont exprimé-e-s : " cela ne nous a certainement pas fait plaisir d'entendre les conneries de Marini, et encore moins de voir nos compagnons (Carlo Tesseri, Gregorian Garagin, Francesco Porcu, actuellement incarcérés pour d'autres faits) derrière une vitre, à travers laquelle il était vraiment difficile de communiquer, mais nous avons quoi qu'il en soit voulu rester dans la salle parce que c'est l'unique moyen de voir et saluer les compagnons qui ont passé déjà trop d'années dans les prisons de la patrie. A eux va toute notre solidarité, complicité et affection. "

Jeudi 21 s'est tenue la troisième audience du procès en appel. Marini a cette fois ci ressorti de ses placards, et pendant une heure, l'histoire le Patrizia cadeddu et de l'attentat à Palazzo Marino, se lavant bien les mains du fait que ni l'un ni l'autre ne soient en rapport avec ce procès. L'animal s'est écouté parler pendant 5 heures alors que le silence régnait du côté des avocats de la défense. A par cela et s'étendre de nouveau sur sa description du fonctionnement bipolaire de mouvement anarchiste en Italie, rien de nouveau n'est ressorti de ses propos.
La même matinée, Giovanni Barcia a été ramené en Espagne, Gregorian Garagin et Francesco Porcu resteront à la prison de Rebibbia jusqu'à la fin du procès. Carlo Tesseri de son côté restera à Rebibbia jusqu'au 19 décembre, date prévue pour sa sortie. La prochaine audience a été fixée au 28 novembre

[Extrait du bulletin #45 de l'ABC, décembre 2002, pp. 5-6]