Une lettre de Sergio sur la perquisition

J’ai subi une perquisition effectuée par la Digos sur mandat du procureur Savatore Vitello le vendredi 12 novembre ; ce mandat concernait aussi les trois autres inculpés. L’objectif déclaré de la perquisition était la recherche de “traces documentées” qui nous relieraient à la FAI, et en particulier d’une quelconque preuve par rapport à notre pré-connaissance des actions de Milan et à l’envoi de menaces aux directions des structures carcérales qui nous tiennent séquestrés.

Ayant lu ce qu’ils ont écrit pour motiver cette manœuvre, je ne peux que constater quelques faits qui me semblent souvent se répéter dans cette chasse aux sorcières :

– L’incapacité de comprendre que les compagnon/nes n’ont besoin d’aucune direction qui leur dise qui est responsable de la misère de nos vies. Certaines personnes sont probablement tellement habituées à obéir qu’elles ne réussissent pas à concevoir l’initiative individuelle, c’est dire si elles ne sont pas en mesure de comprendre que celui qui vit en liberté et s’est réconcilié avec sa part sauvage soit infailliblement guidé par ses instincts et ses désirs contre l’ennemi.

– A propos des sons étranges d’inconnus qui nous appellent compagnons et désirent notre libération : mes compagnons et compagnonnes sont toutes les personnes que le cœur pousse à lutter, qui aiment profondément la vie et haïssent d’autant ceux qui cherchent à la domestiquer par les lois, la morale et les faux besoins. Il n’existe aucune organisation anarchiste, seulement un désir commun de se réapproprier notre existence. Celui que je ne connais pas mais croit qu’il est légitime de lutter selon ses propres désirs et de jouir de cette lutte est aussi mon/ma proche, mon/ma compagnon/ne, mon frère/ma sœur.

– La solidarité active ne leur plaît pas du tout ; l’acharnement suite à des actions de faible envergure ne peut être justifié que par leur motivation particulière. Ils craignent évidemment que cette pratique ne se diffuse, signe qu’il s’agit d’un instrument qui les touche... A vous d’en tirer les conclusions.

Je devrais peut-être souligner qu’évidemment, je n’étais en possession d’aucun élément intéressant, ils ont fait chou blanc.

En tout cas, je voudrais remercier ceux qui ont interrompu mon ennuyeuse routine carcérale : les inspecteurs Corfese Fulvia, Giuliani Carlo, Iacopino Francesco et Doldo Bruno de la Digos de Reggio Calabria, Spano Antonio de la police pénitentiaire en service ici à Palmi pour sa présence et sa participation, et bien sûr mon exquis patron, le directeur de la cage de Palmi, Bologna Oreste.

Je vous laisse, le sourire aux lèvres, la vie en moi n’est pas encore domptée. J’espère que m’arrive le son de vos rigolades et le fracas du chaos de vos désirs.

Une accolade à tous/toutes les compagnon/nes

Un compagnon libre

[Traduit d’anarcotico.net du 22 novembre 2004]