Lettre
de Laudelino Iglesas
Depuis les couloirs de la mort de Villanubla, Valladolid, 26-02-2001
Chers compagner@s de lutte, je m'appelle Laude et je voudrais vous faire savoir
que le Tribunal Suprême de cet État assassin m'a condamné
à la prison à perpétuité, m'a condamné à
mourir dans les couloirs de la mort de ses camps de concentration et d'extermination
modernes, on peut dire qu'en gros, il m'a condamné à la peine de
mort. L'État Espagnol, bien qu'il m'ait torturé pendant plus de
20 ans d'affilé dans ses prisons, se résout à me condamner
à mort, alors qu'il aurait dû me remettre en liberté il y
a 7 ans, si l'on s'en tient à ce qu'établit son code pénal
ou sa Constitution, laquelle limite à 20 années maximum la peine
de prison et stipule que personne ne peut être soumis à la torture
ni à des peines ou des traitements dégradants. Mais dans les faits,
l'humanisme et la mise en pratique de ces lois brille par son absence. Mon cas
est une preuve supplémentaire de l'essence terroriste de cet État,
l'abus, le tourment, le sadisme, l'assassinat, sont ses pratiques préférées
et habituelles contre toutes les personnes qui luttent pour la vie, pour la liberté
et pour la dignité de tous les êtres humains.
Les mafias monarquo-franquistes qui composent ce pays nous oppriment et nous exploitent,
nous soumettent à la pauvreté et à la misère, nous
aliènent et nous rendent malade, nous marginalisent, contrôlent et
empoisonnent nos vies. Ils nous frappent, torturent, assassinent lorsque nous
nous rebellons contre ces canailles. Ils nous séquestrent et enferment
dans leurs prisons d'extermination pour nous torturer jour après jour,
pour nous utiliser comme des otages contre les luttes sociales et révolutionnaires
(...), pour nous exploiter économiquement, pour nous humilier, pour nous
brimer continuellement, pour nous rendre fou et nous assassiner (...). Pour nous
isoler et nous tourmenter. Mon cas personnel a rencontré quantité
de ces sales méthodes, on m'a torturé, rossé, insulté,
menacé de mort, tourmenté pour me tuer, maintenu à l'isolement
pendant plus de 12 ans d'affilé, en me soumettant au régime FIES
module 1 (...), causé et entretenu des maladies et en général
on a violé systématiquement mes droits fondamentaux. Ils étaient
sur le point de me battre à mort chaque fois qu'ils m'ont tabassé,
c'est arrivé de nombreuses fois et lors d'un de ces passages à tabac,
ils m'ont mis dans le coma et m'ont réanimé à l'hôpital.
Avec cette condamnation à perpétuité, il est clair qu'ils
persistent dans cette volonté de m'assassiner, c'est ce qu'ils tentent
d'une manière ou d'une autre, toujours en se dissimulant sous l'apparence
du suicide, ou d'une bagarre entre prisonniers, ou d'une overdose de drogue, ou
de n'importe quelle farce. Pendant ces plus de 20 ans qu'ils me maintiennent enfermé,
ils ont déjà assassiné bon nombre de mes amis, ils les ont
battu à mort, à l'aide de la torture, de la pendaison, en leur provoquant
ou en leur infligeant des maladies, avec des overdoses, en utilisant d'autres
prisonniers contre des remises de peine, ou en provoquant des affrontements entre
prisonniers pour des histoires de rumeurs, de drogues, de droits ou privilèges
carcéraux. Je ne consomme pas de drogue, je ne fume pas non plus de tabac,
je suis végétarien et j'essaie de mener une vie saine dans ces conditions
si hostiles. Je viens d'Euskalherria, et mes idées sont libertaires, j'ai
de nombreux amis, je me sens très aimé, je suis toujours jeune et
j'ai très envie de vivre, mais avant tout de vivre en liberté, et
d'aucune manière cette condamnation à perpétuité ne
va me faire perdre cette envie de vivre, et encore moins de continuer à
lutter pour ce que je veux, l'amour et le rêve.
Dans cet État, nous sommes de nombreux prisonniers qui actuellement ont
passé plus de 20 ans séquestrés, et nombreux également
sont les condamnés à perpétuité, qui est équivalent
à la peine de mort, car il est clair que cet État ne respecte pas
ses propres lois. Il n'est encore moins Démocratique et de Droit, mais
escroc et assassin. Il pratique l'enfermement, la torture, la condamnation à
perpétuité et la peine de mort contre toutes les personnes qui se
rebellent contre ces canailles. (...)
Le fait que cet État a fini par me condamner à la perpétuité
bien qu'il m'ait gardé plus de 20 ans séquestré dans ses
prisons d'extermination, est un échec de l'État et une victoire
de plus pour la cause libertaire, car en plus de 20 ans de torture et de mauvais
traitements ils n'ont pas réussi à me faire renoncer à mes
idées libertaires et pendant les nombreuses autres années qu'ils
continueront à me tourmenter ils n'y arriveront pas.
Par conséquent, chers amis et compagner@s de lutte, ne prenez pas cette
nouvelle comme une défaite, mais au contraire vivez la comme une victoire,
parce que sans aucun doute, c'est une victoire de la résistance humaine
contre la barbarie carcérale capitaliste et un triomphe de plus des idées
et pratiques libertaires.
La lutte continue, nous nous reposerons une fois que nous aurons abattu le capitalisme,
une fois que nous aurons abattu l'oppression et l'exploitation, jusqu'à
ce que tous les êtres humains soient libres et maîtres de leur destiné,
jusqu'à ce que les droits de l'Homme soient respectés pour toutes
les personnes et les peuples, jusqu'à ce que nous obtenions un monde libre,
égalitaire, solidaire et sain, jusqu'à ce que nous construisions
un monde sans prisons. Tant que la dignité sera bafouée, personne
ne pourra nous faire renoncer à l'espoir, nos espoirs et nos sacrifices
ne sont jamais vain. Ni l'enfermement, ni la farce judiciaire, ni les condamnations,
ni les assassinats à notre encontre n'abattrons la révolte.
C'est tout pour maintenant, je vous dis que je vous aime et je vous adresse une
grande accolade fraternelle et libertaire. Salud y anarkia ! Jo ta ke ! Hurrengo
arte, lagunak ! Agur.
Laudelino Iglesias Martinez
Villanubla, Carretera Madrid-Gijon, 47014 Valladolid, Espagne
[Extrait du bulletin #27 de l'ABC-Dijon, mai 2001]