La lutte
en Espagne contre les FIES
Nous publions ci-dessous
une chronologie de la lutte contre les quartiers disolement FIES en Espagne.
Si cette forme nest pas très agréable à lire, elle
nous semble tout de même utile parce que peu de choses sont publiées
sur ce sujet en français et que la continuité dans une lutte dure
et longue nous semble importante. Cette chronologie, tant des actions à
lextérieur que celle des détenus, restitue à la fois
la mémoire des noms et celle des formes que peuvent inventer les prisonniers
incarcérés dans cette prison interne à la prison même.
Elle fait suite à celle que nous avions insérée dans CS
82, il y a un an, et qui portait sur les débuts de lannée
2000. Bien entendu, il serait utile de la compléter par dautres
lettres de détenus nous en publions deux ici. On peut les trouver
en espagnol dans le bimestriel A Golpes (Apdo. 28041 - 28080 Madrid ou Apdo.
24103 - 08080 Barcelona).
Chronologie
2001
Janvier
13, Amadeu Casellas entame une grève de la faim contre la répression
à la prison de Can Brians et pour les revendications collectives. Quelques
jours plus tard, il est transféré en représailles à
la prison de Lleida. Il arrêta sa grève environ un mois plus tard.
La nouvelle loi concernant la responsabilité pénale des mineurs
entre en vigueur.
16, à Villaverde, un sabotage provoque la coupure de 180 000 lignes
téléphoniques, affectant 5 provinces, moyennant plusieurs coupures
dans les installations de fibre optique.a18, Igor Solana, membre d'ETA, tente
de s'évader de la prison de Nanclares de la Oca.a23, Santiago Cobos est
transféré à Teixeiro.
Ce mois, à Picassent (Valence), la répression a redoublé
contre les trois compagnons qui étaient restés en grève
tout le mois de décembre. Les bourreaux flanquèrent une raclée
à Juan et à Bernardo et les trois sont isolés. En riposte,
les compagnons détruisent leur cellule et affrontent les matons ; deux
compagnons finissent à l'hôpital, Paco Ortiz avec une perforation
au poumon [voir la lettre de ce dernier dans CS 83 p.9]. De retour en prison,
les copains décident de rendre inutilisables les cellules en bouchant
la tuyauterie, etc. ; une fois leur forfait accompli, on les change de cellule
et là, ils répètent l'opération. Finalement, ils
sont transférés dans différentes prisons.
Février
1, Santiago Suarez se déclare en grève de la faim en solidarité
avec Amadeu Casellas et pour les revendications collectives à Alcala-Meco,
et la cessent 20 jours plus tard.
3, la conférence antiterroriste d'Europol à
Madrid, où est adoptée une proposition conjointe de l'Espagne,
de l'Italie, de la Grèce et du Portugal pour le renseignement et la création
d'un fichier spécial de ce qu'ils dénominent "terrorisme
anarchiste international". A Carabanchel, au cours d'une discussion avec
cinq personnes, un Garde Civil meurt et un autre est blessé après
avoir arraché l'arme de l'un d'entre eux.a5, journée de protestation
pour les dix d'existence du régime FIES.
7, un groupe de prisonniers préparent une protesta sur le toit
de la prison de Lleida ; apparemment à cause d'un mouchardage, les matons
trouvent une corde de 20 mètres et en rendent Mateo Hidalgo responsable
; il est sanctionné et emmené en isolement ; d'autres prisonniers
ont également aterri en premier degré et un a été
torturé.
[9, un policier tue un homme à Alcorcon.]
10, journée d'engagement pour les prisonniers à Donosti
(San Sebastian) et Iruna.
12, Francisco Maduro Delgado est attaqué dans sa cellule de Puerto
I (Cadiz) par treize matons armés de matraques et d'autres instruments
de torture.a16, Antonio Berbel Torres est tabassé à Puerto I,
ainsi que le prisonnier basque Jesus Maria Uribechebarria.
17, à Alcala-Meco, Shamir Malouch commence à faire des
jeûnes de deux jours chaque semaine pour les revendications collectives.
19, à Puerto I, Antonio Berbel et Jesus Maria débutent
une grève de la faim pour protester contre les événements
du 16 et demander une assistance médicale ; ils sont accompagnés
en solidarité pendant la première semaine par plusieurs compagnons
en isolement. Un gamin de 14 ans s'évade de la maison de correction Guadarrama,
joint la coordinatrice des quartiers de San Fermin et ils portent plainte pour
les mauvais traitements subis au centre.
22, en Euskadi, ETA détruit grâce à huit charges
explosives une maison de correction qui n'avait même pas encore été
ouverte.
Mars
2, à Madrid, trois maisons de correction gérées
par la fondation Diagrama sont fermées en raison de la plainte présentée
par la coordinatrice des quartiers.
3, un prisonnier tente de s'évader d'Alcala-Meco ; la Garde Civile
lui tire dessus et le blesse à la jambe.
Le 6, Claudio Lavazza, Gilbert Ghislain et Santiago Cobos sont amenés
devant l'Audience Nationale pour y faire une déposition ; ils sont accusés
d'être impliqués dans l'envoi de colis piégés.
Le 9, Amadeu Casellas débute une nouvelle grève de la faim.
A la prison Modelo de Barcelone, en raison d'une bagarre, le réfectoire
est déserté par les gardes, au moment où les prisonniers
se mettent à tout casser contre la grille. 25 matons apparurent avec
des matraques et quelqu'un cria "sur eux!". Finalement, 12 prisonniers
furent envoyés en isolement pour tentative de mutinerie. Ce même
jour, la proposition d'Amadeu de faire une grève sur le tas se répand
et se refile.
Le 15, à Puerto I, quatre nouveaux compagnons se joignent à
la grève de promenade, maintenue depuis le 30 juillet 2000 dans cette
prison par les prisonniers en isolement, pour les quatre principales revendications.AvrilaLe
8, une mutinerie se produit dans une maison de correction de Ténérife
(îles Canaries) c'est déjà la troisième. Les
gars crient "unis, nous ne seront pas vaincus", arrivent les mercenaires
anti-agitation : plusieurs mineurs sont dispersés.
Les 11, 12 et 13, jeûne spontané à Alcala-Meco, soutenu
par 28 prisonniers du second degré, en conséquence de la mauvaise
qualité de la bouffe.
Le 21, deux gars s'évadent de la maison de correction "El
Pinar" de San Fernando (Madrid). Marche à la prison de Villanubla
en soutien à Laudelino Iglesias.aLes grèves de promenade collectives
les premières semaines de chaque mois commencent elles dureront
jusqu'en décembre ainsi que les jeûnes du premier week-end
de chaque mois, pendant la même période.
Mai
Le 1er, les prisonniers Gabriel Pombo et Gabriel Bea débutent
une grève de vêtements intégrale.
Le 2, après un hold-up d'une succursale bancaire à Valladolid,
un braqueur est assassiné et l'autre est blessé dans un échange
de tirs avec la police. Le même jour, une succursale de la même
banque est attaquée à Palencia.
Les 5 et 6, des jeûnes collectifs sont soutenus dans plusieurs
prisons.
Le 9, dans la prison d'Alcala-Meco, Alberto Jiménez est tabassé
par un groupe de matons ; une grève de la faim commence. Le week-end
suivant, des pamphlets sont distribués dans la salle d'attente pour les
parloirs à Alcala-Meco ; ils dénoncent ce qui s'est passé,
ainsi que la répression imposée tant aux prisonniers qu'à
leurs proches par l'institution d'extermination.
Le 13, Miguel Vazquez est tabassé à Quatre Camins (Barcelone).
Le 16, à Puerto I, plusieurs prisonniers en isolement débutent
une grève de vêtements intégrale et arrêtent de nettoyer
les cellules. En représailles, la direction réduit les communications
des compagnons. Au milieu du mois, à Barcelone, ceux qui y étaient
se retrouvent enfermés dans l'édifice des Institutions Pénitentiaires,
une toile représentant une porte grillagée est déployée
qui couvre toute la porte. L'édifice est recouvert d'autocollants et
arrosé de merde d'animal, une pancarte est placée, qui porte les
revendications collectives des prisonniers.
Le 18, manifestation à la prison Modelo de Barcelone : ses murs
sont repeints et la façade reçoit des petites bombes de peinture
rouge.
Le 19, journée de protestation contre les prisons à Barcelone
; une place est occupée où sont organisés un débat,
une bouffe et un concert en soutien aux prisonniers en lutte.
Le 22, un prisonnier Guinéen de 34 ans se pend à Soto del
Real (Madrid) dix heures après son arrivée.
Juin
Le 9, Carlos Gomez s'ampute d'un orteil pour exiger sa libération
immédiate après avoir purgé 21 ans. C'est la troisième
fois que Carlos s'automutile de cette façon.Marches aux prisons de Soto
del Real et d'Aranjuez pour réclamer la libération d'Eduardo Garcia,
Zigor Larredonda et Diego Sanchez.
Le 10, les anti-émeutes entrent dans une prison de mineurs à
Madrid pour mater un groupe dense de jeunes mutinés contre les humiliations
constantes et les tortures auxquelles ils sont soumis. Les média accusent
les jeunes Basques détenus pour "kalle borroka" d'être
les meneurs de la mutinerie. 4000 personnes manifestent à Paris pour
le rapprochement des prisonniers basques, bretons et corses.
Le 23, un policier municipal tue un voleur présumé dans
le quartier de Chamartin à Madrid.
Le 25, dix prisonniers se mutinent à Tenerife II (Canaries) pour
dénoncer la pratique habituelle de la torture ; ils retiennent six matons
et deux chefs de service et prennent le contrôle de trois quartiers. Devant
la non-participation des autres prisonniers, ils choisissent de monter sur les
toits. Peu après, ils y renoncent. Roberto Guijarro est jeté depuis
le toit par les matons sans que les autres prisonniers s'en rendent compte,
jusqu'à ce qu'ils soient retournés en cellule. Roberto a passé
quinze jours à l'hôpital. Quelques participants furent tabassés
et menottés aux lits postérieurement. Il y eut aussi des transferts.
Le 29, Amadeu Casellas se déclare en grève de la faim.
Juillet
Le 5, José Caval Perez est tabassé par les matons à
Puerto I.
Le 6, le conseil des ministres approuve l'incorporation au régime
général de sécurité sociale de tous les prisonniers
qui travaillent dans les ateliers pénitenciaires.
Les 6 et 7, pour coïncider avec les jeûnes collectifs de ce
week-end, le samedi, trente personnes se rassemblent devant les tribunaux de
Puerto de Santa Maria (Cadiz), déploient des banderoles et distribuent
des pamphlets sur la situation dans les FIES.
Le 20, Amadeu Casellas est emmené au DERT (régime d'isolement)
du CP de Ponent et se déclare de nouveau en grève de faim et de
soif.
Août
Le 1er, Roberto Catrino entame une grève de faim et de soif pour
réclamer son transfert en Catalogne et deux jours plus tard, se blesse
avec une pointe.
Le 8, quatre gars tentent de s'enfuir de la maison de correction "El
Pinar" de San Fernando (Madrid), un seul y parvient. Après ça,
des désordres se produisent à l'intérieur et les mercenaires
anti-émeute interviennent. Ce centre géré par la Fondation
Ciceron a reçu des plaintes pour mauvais traitements.
Le 29, Laudelino Iglesias est transféré à Picassent
(Valence). Malgré le fait de se trouver en 2e degré (il a progressé
à l'intérieur du FIES-CD), ses conditions empirent dans cette
prison.
Septembre
Le 1er, Amadeu Casellas entame une nouvelle grève de la faim et
la maintiendra pendant 27 jours.
Le 2, Laudelino Iglesias se déclare en grève de la faim
pour réclamer un traitement de 2e degré, qu'il obtient le 17,
jour où il cesse sa grève.
Le 9, cinq détenus s'évadent d' un centre d'internement
pour étrangers, s'échappant des cachots en agressant deux policiers.
Les 10 et 11 juillet à Cordoue, Claudio, Giovanni, Giorgio et
Michelle sont jugés pour falsification, détention illégale
d'armes, blessures... en rapport avec le hold-up de la banque Santander de Cordoue
en 1996. Plusieurs personnes tentent d'accrocher une pancarte à l'entrée
du tribunal en solidarité avec la lutte des prisonniers : la police les
en empêche, les retient pendant une demi-heure et menace de les embarquer
s'ils ne quittent pas la ville.
A partir du 30, quatre prisonniers de Puerto I et trois de Valdemoro
entament une grève de la faim pour les revendications collectives. A
Valdemoro, sept autres prisonniers appuient la protesta par des jeûnes
le week-end et des "enfermements"-refus de sortir.
Octobre
Le 3, deux personnes sont arrêtées à Madrid, une
autre à Oviedo, accusées d'avoir placé des engins explosifs
durant l'été à Madrid. Après avoir passé
deux jours au commissariat et devant l'Audience Nationale, elles entrent à
la prison de Soto del Real. Le 10, elles sont libérées contre
une caution de 100 000 pesetas chacune.
Le 20, manifestation à la prison de Lleida (Ponent) en solidarité
avec la lutte des prisonniers.
Le 23, Eduardo Garcia Macia est libéré contre une caution
de 5 millions de pesetas.
[Extrait de Cette Semaine #84, fév/mars 2002, pp.30-32]