La lutte
en Espagne contre les FIES
Nous publions ci-dessous
une chronologie de la lutte contre les quartiers disolement FIES en Espagne.
Si cette forme nest pas très agréable à lire, elle
nous semble tout de même utile parce que peu de choses sont publiées
sur ce sujet en français et que la continuité dans une lutte dure
et longue nous semble importante. Cette chronologie, tant des actions à
lextérieur que celle des détenus, restitue à la fois
la mémoire des noms et celle des formes que peuvent inventer les prisonniers
incarcérés dans cette prison interne à la prison même.
Elle fait suite à celle que nous avions insérée dans CS 82,
il y a un an, et qui portait sur les débuts de lannée 2000.
Bien entendu, il serait utile de la compléter par dautres lettres
de détenus nous en publions deux ici. On peut les trouver en espagnol
dans le bimestriel A Golpes (Apdo. 28041 - 28080 Madrid ou Apdo. 24103 - 08080
Barcelona).
Chronologie
2000
Août
5 et 6, jeûnes collectifs dans plusieurs prisons.
6, les portes d'accès au métro sont scellées et les
escaliers sont repeints sur la ligne 1 Loanc (Barcelone) en soutien aux jeûnes.
19, un prisonnier en état grave s'enfuit de l'hôpital et avec
une autre personne attaque une succursale bancaire. Peu après, ils sont
arrêtés par la police.
[21, attaque à Turin de l'entreprise Stroppiana qui participe à
la nasse carcérale et s'enrichit du travail des prisonniers.]
24, Mohammed Lakhdar est tabassé au centre d'extermination de La
Moraleja, à Duenas (Palencia).
Septembre
9, Laudelino Iglesias entame à la Moraleja une grève de faim
et d'enfermement indéfinie (elle se termina le 21 octobre) pour exiger
sa libération immédiate pour avoir passé 20 ans en prison,
tous les compagnons en isolement restèrent en grève de promenade
en solidarité avec lui et F. Brotons (23 ans de prison).
9 et 10, jeûnes collectifs coordonnés dans plusieurs prisons.
24, Laudelino Iglesias est tabassé par 3 matons, à son 15ème
jour de grève de faim, puis ils le gardent menotté au lit pendant
19 heures. Tous les autres compagnons en isolement (sauf un), en entendant ce
qui se passait, ont saccagé leur cellule en protestation. Laudelino maintint
sa grève 43 jours.
Octobre
7 et 8, jeûnes collectifs coordonnés dans plusieurs prisons.
16, une lettre piégée adressée à Raul del Pozo
(journaliste d'el Mundo) est interceptée.
18, un engin artisanal explose dans une succursale bancaire de Barcelone.
19, un colis piégé adressé au journaliste Alfredo
Semprun (de La Razon) est intercepté.
22, Marche à la prison de la Moraleja, depuis Duenas.
27, un groupe de personnes bloque au milieu de la matinée plusieurs
rues centrales de Valladolid et font des peintures en faveur des luttes de prisonniers.
En solidarité avec les prisonniers en lutte dans l'état espagnol,
des collages d'affiches et d'autocollants ont eu lieu dans plusieurs villes de
France et depuis quelques mois, des brochures ont été mises en circulation.
Des débats ont été organisés à Dijon, Lyon,
Marseille et Lille, à Genève et Lausanne. A Paris, on a accroché
des pancartes et peint des slogans contre les FIES dans les trains à destination
de l'état espagnol.
Novembre
4, manifestation à Madrid avec la slogan "ni FIES, ni dispersion,
ni malades en prison".
8, Eduardo Garcia et Stéfania Maurette sont arrêtés
à Madrid et accusés de l'envoi de colis piégés à
des journalistes ; Jose Manuel Rodriguez, accusé également, est
parvenu à prendre la fuite. Cette affaire comprend aussi comme accusés
3 compagnons emprisonnés (Claudio Lavazza, Gilbert Ghislain, et Santiago
Cobos) .
11, le juge del Olmo décrète la mise en liberté d'Eduardo
contre une caution de 5 millions de pesetas ; après un lynchage médiatique,
il retourne en prison 5 jours plus tard. Stéfania reste en liberté,
avec ces charges. Dans la nuit une banque est incendiée, rue Fuencarral
à Madrid. A Gijon, le directeur commercial et la RTVE reçoivent
des imitations de lettres piégées.
18, à Jerez de la Frontera, des peintures sont faites ainsi que
différentes actions en solidarité avec la lutte des prisonniers
et les personnes arrêtées le 8.
19, une académie de formation des matons, policiers, à Fuenlabra,
est scellée et repeinte.
24, journée et concert de solidarité avec les prisonniers
en lutte dans l'état espagnol, à Londres.
25, à Barcelone une manif est organisée en faveur des luttes
des prisonniers. Perturbation d'un débat auquel participent l'UGT et le
CCOO. Les murs de l'université et le siège du journal "La Vanguardia"
sont repeints.
25, 26, 27, journées de solidarité avec les prisonniers à
Saragosse. Installation dans les environs immédiats de la prison de Torrero,
ses murs sont repeints, des pancartes sont fixées, des affiches sont collées
sur les bus qui vont à la taule. Bouffe et débat. La journée
se termine par une manifestation autour de la prison.
Décembre
1er, près de 50 prisonniers commencent une grève de la faim
indéfinie, txapeos (grève de promenade) ou jeûnes (la première
semaine [du mois] et deux jours de celles qui suivent) selon l'état de
santé des compagnons, coordonnés dans une vingtaine de prisons.
Manifestation jusqu'à la prison Modelo de Barcelone .
4, Jorge Bleda est tabassé à la Moraleja, Duenas (Palencia).
5, journée de lutte soutenue par les villages du Pays basque et
de la Navarre en solidarité avec la grève de la faim.a7, à
Saragoza, les vitrines d'un concessionaire Galloper sont brisées et des
inscriptions sont peintes en solidarité avec les prisonniers.
9, des inscriptions apparaissent sur plusieurs académies de formation
des matons à Madrid, rue Cartagena ; les vitres d'une agence du Corte Inglés
sont cassées. Rassemblement face à la prison de Basauri.a11, le
siège d'el Mundo à Saint-Jacques de Compostelle est attaqué
aux cocktails molotov
15, Reinaldo Gomez, Antonio Villar et Manuel Torres sont tabassés,
juste avant de cesser leur grève de la faim.a16, marche à la prison
de Tenerife II. Marche à la prison de Duenas. Marche à la prison
de Can Brians (Catalogne).
16-17, quatre colis piégés adressés à Alfredo
Semprun (journaliste de la Razon), Antonio San José (de Interviu), Agustin
Yanel (d'el Mundo) et à la direction générale des institutions
pénitentiaires sont interceptés. Envois revendiqués plus
tard par Action Révolutionnaire Anticapitaliste.a17, à Madrid, bouffe
et débat sur la répression, la fonction carcérale, exposition
murale et table de presse sur la lutte en prison.
20, un groupe de personnes prend d'assaut le siège du parti CDC,
le recouvre de peinture à l'intérieur, referme la porte avec une
chaîne en sortant, enfermant ainsi les politiciens. Une pancarte est placée
et des tracts sont lancés en solidarité avec les prisonniers en
lutte.
23, des tables de presse sur les luttes des prisonniers à Bilbao
sont tenues, ainsi qu'à Durango et Donosita le jour suivant.
26, journée de lutte en solidarité dans les villages du Pays
Basque.
31, manifestation devant la prison de Soto del Real (Madrid). Marche à
la prison de Palma de Mallorque. Marche jusqu'à Picassent. A Barcelone,
rassemblement à la prison de Wad Ras qui s'est ensuite dirigé vers
la Modelo. A la prison de Martunete, des tracts sont distribués lors de
la marche annuelle organisée par Senideak.
Tout le long de ce mois, des peintures , des pancartes, des tracts et des
affiches apparaissent, des causeries informatives, des rencontres et des débats
se font en différents points de la géographie dans la péninsule
et en Europe, en soutien à la grève de la faim indéfinie
des prisonniers en lutte, qui s'est terminée le 31.
Extrait de Cette Semaine #84, fév/mars 2002, pp. 28-30