FIES : Dernières nouvelles de la lutte

Entre le 16 et le 19 mars une grève de la faim a eu lieu dans les prisons espagnoles pour l'abolition du F.I.E.S., la libération des malades, la fin de l'éloignement et des transferts continuels. Une grève symbolique de quatre jours (quatre comme les murs d'une cellule) menée avant tout dans le but de mesurer les forces. Environ 200 détenus y ont participé. Les prisons touchées par la lutte sont : Picassent (Valence), Quatro Camins (Barcelone), Can Brians, Gerona, Villanubra (Valladoud), Nanclares de la Oca (Vitoria), Huelva II, Todas (Salamanca), Teixeiro (Coruna), Jaen II, La Moraleja (Palencia), Alcala-Meco - Valdemoro - Naval Carnero - Soto del Real (Madrid), Villabona (Gijon), Ocana (Toledo), Puenas (Santander), Herrera de la Mancha, Puerto I, Puerto II (prison de femmes), Almeria, Palma de Mallorca. La plus part des détenus ayant participé sont au premier degré du F.I.E.S. (isolement total), mais on en trouve également un bon nombre au deuxième degré (25, par exemple, dans la prison de Alcala-Meco à Madrid). Si l'on pense qu'il y a actuellement à peu près 80 prisonniers au F.I.E.S. (les cinq degrés confondus), on peut évaluer l'importance de ce premier moment de lutte.`

La presse et la radio d'Etat on parlé de la grève. Canal plus a interviewé un prêtre (évidemment) d'un groupe d'appui de Madrid, participant à une coordination nationale liée à une association pour les droits de l'homme de Cordou et Seville. Les raisons de la grève ont été exposées.
Pendant les semaines précédant la grève, plusieurs initiatives de solidarité on été organisées dans différentes villes.

Le 26 février, une manifestation a eu lieu à Madrid devant les institutions pénitentiaires. Ave les slogans " Amnistie pour l'an 2000, ni F.I.E.S., ni éloignement, ni malades en prison ", une soixantaine de personnes ont protesté à l'appel de la Coordination pro-détenus de Madrid, Caisse de resistance ouvrère, Confédération syndicale Solidaridad obrera (Madrid), CNT de Villaverde (Madrid), CNT de Aranjuez, Assemblée des chômeurs " Pablo Neruda ", Lucha autonoma, Kolonna Durruti, Controcorrente, A.F.A.P.P. (association des familles de détenus de Saragoza). Le même jour, à Barcelone, 300 personnes ont manifesté devant les institutions pénitentiaires. Des manifestations ont eu lieu également à Cantabria et à Palma de Mallorca.

Toujours le 26, à Milan, un rassemblement d'une cinquantaine des compagnons s'est tenu devant le consulat espagnol.

Le 11 et le 12 mars, les Gestoras Pro-Amnistia du Pays Basque ont organisé des bus pour un rassemblement devant la prison de Jaen II. Des collectifs se créent un peu partout (éditant dossiers, affiches, etc.).

Le 14 mars, à Pampelune, des anarchistes se sont enchaînés au balcon du consulat italien (l'action a été filmée et passée à la télévision) en solidarité aux compagnons prisonniers et contre le F.I.E.S.

Le 16 mars, à Barcelone, deux jeunes se sont " pendus " (pour simuler les morts en prison) au-dessus d'un périphérique, proche d’une prison, tandis qu'une cinquantaine de camarades de l'Assemblée de soutien aux prisonniers en lutte ont bloqué le trafic pendant une heure et demi provoquant une queue de trois kilomètres.

Le 17 mars, toujours à Barcelone, un rassemblement a été organisé devant la délégation des institutions pénitentiaires, exigeant le rapprochement vers la Catalogne de deux prisonniers enfermés à Picassent (l'un des deux a été effectivement transféré par la suite).

Du côté réformiste, six personnes d'une association humanitaire ont fait une grève de la faim à Madrid pendant les quatre jours de grève prévus par les détenus. Toujours à Madrid, le 16 mars, une centaine de personnes se sont rassemblées à l'appel d'une coordination nationale composée par des associations contre la torture, les Mères contre la drogue et des collectifs universitaires. Un avocat a dénoncé l'isolement carcéral lors d'un meeting.

À Bilbao et ailleurs des conférences de presse ont été organisées.
De son côté, l'Etat a organisé une criminalisation médiatique des prisonniers F.I.E.S. en parlant de surveillants agressés par des détenus (tous associés à ETA). Les conditions infâmes de détention, ainsi que les tortures, ont été évidemment niées. Des perquisitions ont été effectuées à l'encontre des compagnons solidaires avec les prisonniers en luttes ; la communication entre les groupes est entravée ; les contrôles et les menaces de la part de la police constituent une réponse claire de l'Etat : interdiction de toute solidarité. Quelques détenus actifs dans le mouvement qui commence ont été transféré afin de briser la lutte.

Le premier avril, à Madrid, une manifestation s'est déroulée vers la prison de Soto del Real. Le 9 avril, c'est la prison de Todas (Salamanca) qui est sortie du silence. Le 15 avril, encore un cortège, cette fois vers la prison de Quatro Camins (Barcelone). Au mois de mai, une manifestation est prévue devant la prison de Naval Carnero (Madrid).

Les conditions infâmes du F.I.E.S. ont poussé ce mois-ci (mars) trois autres détenus au " suicide ". C'est tout dire que plusieurs " juges de surveillance " (juges d'application des peines) ont émis des décrets contre ces divisions de haute sécurité. Le F.I.E.S., qui n'est prévu dans aucune loi, est défini comme une " mesure administrative ". Ce n'est que l'action solidaire qui peut pousser l'Etat à céder et à abolir le F.I.E.S.

[Texte paru dans Cette Semaine n°80, mai/juin 2000, pp. 28-29]