Pour en finir avec le FIES

Depuis mars 2000, plusieurs prisonniers ont commencé une lutte dans les QHS espagnols (appelés FIES). Ils réclament leur fermeture, la libération des malades et la fin de l’éloignement et des transferts continuels. Diverses actions de solidarité ont déjà eu lieu en Espagne, Italie et France. Des camarades parisiens ont fait paraître un dossier d’information en mai, contenant des lettres de prisonniers, un historique des FIES comme des luttes qui vont avec et une synthèse de ces actions de solidarité. Présentation.

Le F.I.E.S. (littéralement, Fichier Intérieur de Suivi Spécial) est un régime de déténtion que l'Etat espagnol a institué en 1991 sous l'impulsion d'Antonio Asuncion - directeur général des prisons et actuel chef du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol d'Alicante -, afin d'isoler du reste de la population carcérale les prisonniers considérés comme les plus " dangereux " (accusés de tentatives d'évasions, de prises d'otages de matons, de meurtres de policiers, de rébellion en prison, de" bande armée ", etc.).
Des anarchistes, des membres de l'ETA et des GRAPO, des antimilitaristes, des révoltés sociaux figurent sur la liste des prisonniers F.I.E.S. (environ 80 personnes) et sont contraints de passer une partie de leur détention - pour une période qui peut aller jusqu'à plusieurs années - dans un isolement presque total, dans des divisions à part. Pendant cette période, ils subissent toutes sortes d'humiliations et de mauvais traitements : du refus des parloirs à la censure et à la limitation du courrier ; des fouilles corporelles intégrales (jusqu'aux rayons X) aux passages à tabac ; des tortures physiques à celles psychologiques (avec la collaboration totale des médecins). Le F.I.E.S.- instauré progressivement comme riposte aux luttes très dures menées contre la prison à la fin des années 70 - est un programme scientifique d'observation et d'anéantissement divisé en cinq degrés, dont le premier ressemble à un mitard sans fin. Depuis 1991, onze personnes soumises à ces conditions infâmes sont mortes (dont trois depuis le début de cette année).

Si la prison représente la face sombre de cette société, le F.I.E.S. - issu d'une simple circulaire administrative et légalement " suspendu " - est l'ombre de la prison, son coin le plus noir. Le spectre du châtiment - chantage exercé sur les individus qui, " dehors ", ne veulent pas se soumettre - se double de l'existence même du F.I.E.S. Son institution a été la confirmation concrète au vieux principe selon lequel au pire il n'y a pas de fin. Et pourtant...

Pendant ces années, les luttes des prisonniers n'ont pas ma qué, ainsi que les initiatives de solidarité avec eux, de soutien à leurs combats et de protestation contre les institutions espagnoles. Depuis le mois de mars, les prisonniers eux-mêmes ont commencé plusieurs formes de luttes (grève de plateaux-repas, de " promenades ", de la faim) décidés à obtenir :
- la fermeture des divisions F.I.E.S.
- la libération des malades
- la fin de l'éloignement et des transferts continuels

Ce n'est que l'action solidaire qui peut pousser l'Etat espagnol à céder. Pour cela, les prisonniers demandent un appui extérieur international Dans ce cadre, une proposition a été faite d'une mobilisation en Italie, ouverte à tous ceux auxquels cette question tient à cœur, à l'exclusion des politiciens, des journalistes et des différents représentants des institutions.

Nous pensons qu'une telle lutte mérite d'être élargie et soutenue partout. Une invitation à tous les mutinés de la prison sociale...
Les quartiers d'isolement existent également ici. Briser les frontières nationales pourrait représenter le premier pas pour briser, de ce côté-ci des Pyrénées, la frontière sociale par excellence : les murs des prisons.

Pour plus d'informations, un dossier sera bientôt disponible aux adresses suivantes : TOUT LE MONDE DEHORS ! c/o TCP - 21ter rue Voltaire - 75011 Paris ; passemuraille@free.fr

Une affiche, des tracts, des autocollants, ainsi que des textes plus généraux sur la prison et son monde, sont également disponibles.