Trois anarchistes italiens et un espagnol incarcérés en ESPAGNE : rompre l’isolement


Un rêve d’une vie libre

Le rêve d’une vie libre, autogérée : jamais je ne renoncerai à cela, et jamais je ne renoncerai à lutter. Se résigner, c’est un suicide au quotidien. Je veux vivre ici et maintenant ; comme l’écrit un anonyme sur les murs «nous sommes trop jeunes pour attendre et attendre quoi ?».

Les obstacles ne se renversent pas tous seuls, on a besoin de les détruire, en ouvrant les yeux et en respirant l’air frais... En respirant à pleins poumons le vent subversif, celui qui n’a jamais empêché de crier vers le ciel silencieux ses raisons profondes d’être son amant passionné de liberté. Un amant, avec les mêmes ardeurs qu’au premier jour, exprime la passion avec sa plus grande force, comme la dynamite, grande comme les abysses de la mer.

Acceptez-nous comme nous sommes ! Cette force, cette richesse de sentiments que nous portons en nous, ce juste et noble idéal dans lequel nous puisons la révolte, la violence libératrice qui nous rançonne et nous émancipe socialement, seulement ainsi se détruira la pyramide anti-sociale qui nous opprime. Et nous saurons jouir et apprécier l’authentique paix, l’harmonie qui aujourd’hui ne trouve pas d’espace dans ce territoire de mort où tout ce qui vit est écrasé par des lâches armés, en fonction dans l’Etat capitaliste.

A quoi servent les meilleures paroles... la dialectique avec les ennemis de la vie et de la liberté, la propagande des idées, si elles ne se transforment pas en analyses et action directe ? Cette douleur et cette souffrance que nous entendons, nous ne devons pas les anesthésier, ni les masquer, ni les encadrer historiquement, qu’elles servent d’aliments à nos passions ! Qu’adviennent la liberté et le bonheur. C’est vraiment la force de l’action. Et que ce ne soit pas sous le mode du ressentiment ni du consensus social, mais que ce soit le plus possible le désir du coeur.

Dans les yeux la liberté, dans le coeur, l’anarchie ! Aujourd’hui comme hier, nous continuons de les menacer et de les viser avec les armes, les terroristes ! Amour révolté et anarchie pour tous les compagnons morts !

A Luigi, Soledad, Eduardo et tant d’autres

Nous sommes anarchistes et nous sommes complices de toutes ces personnes qui, de leur révolte, révolte individuelle et permanente, attaquent sans médiation et sans limite toutes les formes d’oppressions, autorité et commandement, en utilisant à chaque instant les moyens que nous jugerons les plus opportuns. Nous considérons, comme responsables de cette criminalisation des anarchistes, tous ceux qui utilisent leur propre pouvoir pour nous opprimer, de la police aux journaux en passant par les banques, l’Etat et ses complices. Nous espérons que la solidarité et le soutien mutuel entre les anarchistes ne sont pas de façade. Nous propagerons l’attaque diffuse contre toutes les formes de pouvoir.

De Michel Pontillo et des autres du braquage de Cordoba

De Michel, nous pouvons seulement dire qu’il est évident qu’il a participé à un braquage pour des motifs personnels. Avoir deux fils et ne pas vouloir courber l’échine pour deux sous ne nous paraît pas un sentiment incompréhensible. Si après, avec l’argent, il avait voulu soulager le malheur des autres, cela ne nous aurait pas étonné outre mesure, le connaissant. A lui, à Lavazza et à Rodriguez, nous pouvons contester deux autres vols à Albacete et l’assaut du Consulat de Malaga. Michel écrit que le Conseil des Ministres a concédé l’extradition de Lavazza, qui après les procès, sera renvoyé en Italie. Dans la prison de jaen, où ils se trouvent avec Barcia, ils continuent une grève du «patio», donc ils restent en cellule en permanence, pour protester contre les conditions de vie inhumaines qui leur sont faites. Il écrit encore que l’état de santé de Rodriguez va encore en s’améliorant (un projectile dans le cou) mais qu’il ne réussit pas encore à écrire car il a la main droite paralysée.

Ecrivez et faites circuler votre solidarité
Les quatre de Cordoba sont, à l’heure d’aujourd’hui, enfermés au secret sans les droits élémentaires, courrier, soins et tous les minimums. Ils sont des otages de la vengeance de l’Etat Espagnol.

Michel Pontillo, Carcel Provincial de Villabona, Apdo.33271, Gijon (Asturias), Espana.
Giorgio Eduardo Rodriguez, Centro Penitenciario Topas, Carretera Gijon, Sevilla, Km314, 37799 Espana.
Giovanni Barcia et Claudio Lavazza, Prison Provincial de Jaen II Carretera Bailen-Motril Km28, 23080 Jaen, Espana.

Texte reçu par la CASAIE : 3, rue Pelleterie, 26 000 Valence


Extrait de Cette Semaine #78, oct/nov 1999, p.19